Cheerful Wind, deuxième film du réalisateur Hou Hsiao-Hsien, arrive sur nos petits écrans en version restaurée et apparait donc comme la parfaite occasion de (re)découvrir le travail de l’immense réalisateur taïwanais.
Xiao Xinhui (Fong Fei-Fei) travaille sur un tournage de publicité en pleine campagne taïwanaise, où elle rencontre Gu Jintai (Keeny Bee), un homme aveugle qu’elle croisera à nouveau par la suite et pour lequel elle commencera à développer des sentiments. Loin du contemplatif et de la lenteur que le réalisateur ne cessera de mettre en place dans ses futurs films, Cheerful Wind offre une porte d’entrée vers une filmographie trop méconnue du public européen, et pourtant particulièrement riche.
Des gags à gogo sous le soleil
Le film montre ainsi une certaine légèreté dans le portrait social que le réalisateur tente de mettre en place. Sous couvert d’une amourette, HHH cartographie une société taïwanaise aux multiples facettes. La transition se fait donc parfois maladroitement, le film adoptant une forme se rapprochant par moment d’une tranche de vie sans profondeur. La touche d’humour pince-sans-rire n’arrange rien et tend à faire plonger le long-métrage du côté de l’anecdotique, surtout vis-à-vis du reste de la filmographie du réalisateur. Il apparaît toutefois que le film soit bien plus facile d’accès que la plupart des autres oeuvres de Hou Hsiao-Hsien, prenant visiblement moins de risque que pour ses futurs films.
Cheerful Wind a cependant le mérite d’être un joli film estival, tout en fraîcheur et en honnêteté. Une inextinguible bienveillance imprègne le film et offre au spectateur un joyeux voyage au cœur du Taiwan des eighties, jouant la carte du kitsch et de la nostalgie. Si la COVID a eu raison de nombreux séjours touristiques, le cinéma offre parfois une belle entrée vers le dépaysement à moindre coût.
Clichés estivaux
Sans opter pour le chef-d’oeuvre, HHH s’attaque à une love story ô combien clichée, mais toute en retenue propre à une certaine culture asiatique d’antan. Amour stéréotype et humour douteux (quiproquos, jeux de mots et autres) qui ne volent pas haut, mais avec l’œil aiguisé d’un grand réalisateur en devenir.
Le film épuise, sans surprise et assez rapidement, son absence de concept pour devenir un film à la linéarité flagrante. La légèreté se confond parfois avec un manque d’inspiration pesant fortement sur le rythme bancal du film. Le manque d’évolution scénaristique ainsi que dans la caractérisation des personnages donne parfois un ton simpliste au récit qui ramène in extremis le spectateur dans sa bulle hors du temps.
Si Cheerful Wind a tout d’un feel-good movie, il peut aussi facilement faire basculer le spectateur dans un ennui poli dû à un caractère ultra-répétitif se retrouvant dans chaque strate du film — le meilleur exemple étant la bande-originale du film, reposant quasiment uniquement sur une simple chanson de variété taïwanaise qu’il est difficile de ne pas haïr à la fin du métrage. De même, les deux protagonistes principaux ne parviennent qu’à être aussi attachants qu’invisibles, symptôme du film gentillet sans grande richesse qu’est Cheerful Wind.
Le film est disponible en Blu-Ray chez Carlotta.