Un scénario riche, une réalisation élégante et des acteurs inspirés. Tout ce qu’il faut pour permettre à Ad Astra de James Gray de rentrer dans l’histoire du cinéma de science fiction.
Ad Astra retrace l’histoire de l’astronaute Roy McBride (Brad Pitt), à la recherche de son père disparu aux confins de l’univers afin d’éliminer un danger menaçant la survie de la planète Terre. Au travers des nombreuses péripéties tout au long du voyage du protagoniste, James Gray, qui est ici à la fois à la réalisation mais aussi à l’écriture du scénario, nous confirme définitivement son talent, déjà manifesté dans son premier film Little Odessa, ayant emporté le lion d’argent à la Mostra de Venise.
Vers l’infini et mon papa
Dès ses vingt premières minutes, le film captive les spectateurs par son histoire, il faut bien l’avouer, astralement bien écrite. Ce drame de science-fiction surprend, dejà par ses péripéties inattendues. Mais aussi grâce à son atmosphère pesante. L’espace de Ad Astra est à la fois une immensité merveilleusement belle, mais aussi terriblement menaçante et meurtrière. C’est 2001 l’odyssée de l’espace qui rencontre Le Petit Poucet.
La photographie, signée Hoyte Van Hoytema est d’une exceptionnelle beauté. Contre toute attente, elle très différente d’un film du même genre sur lequel il a travaillé auparavant, Interstellar. La photo de Ad Astra se révèle finalement toujours bien marquée, avec quantité de plans imprégnés par des néons de différentes couleurs, tournant l’esthétique vers l’abstraction. Le cadre mais aussi les dialogues et pensées de Roy McBride exprimées en tant que voix-off contiennent une étonnante poésie, assez inattendue.
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Ad astra per aspera (« Vers les étoiles à travers les difficultés »)
James Gray produit une réalisation d’une élégance brillante en ne laissant pas de côté le travail du son. En effet, ce dernier est essentiel afin de permettre une immersion complète dans le film. Du côté des acteurs, le casting est bon, même si la vision de certains acteurs peut surprendre, comme l’apparition de Natasha Lyonne qu’il est plus courant de voir dans des comédies. Brad Pitt déploie un jeu d’acteur prodigieux et tout en intériorité. A l’inverse de son jeu roublard et cabotin de Once Upon A Time In Hollywood, il se révèle ici hypnotisant.
Ad Astra, par rapport aux films de science-fiction habituels, n’a pas pour but de satisfaire les admirateurs de découverte de nouvelles créatures et de spectacles intergalactiques. Malgré de rares moments où il peut paraître comporter des petites fautes de physique pour faire avancer l’histoire, le film reste globalement très juste. En particulier dans la vision diégétique, où l’histoire se déroule dans le futur. C’est ainsi que les costumes, créés afin de paraître futuristes, ne font en aucun cas déguisement.
Apollo Seven
Etant donné que le personnage interprété par Brad Pitt parcourt tout le long du film de nombreuses péripéties, il paraît évident qu’arrivé à l’aboutissement de Ad Astra il finisse mentalement changé. L’ensembe de ses pensées est formulé tout au long du film de manière omnisciente. Un choix des producteurs plutôt que de James Gray lui-même, en réalité. Ces derniers craignaient que le spectateur soit perdu par la quête mutique de Brad Pitt. Car le thème abordé n’est pas uniquement l’exploration spatiale mais aussi l’évolution psychologique d’un homme ayant subi de nombreuses épreuves. Sa progression vers les étoiles est accompagné en parallèle, d’une regression en lui-même.
Pour autant, Roy McBride n’est pas spécialement introduit au début du récit, ce qui ne rend pas le spectateur plus attaché que cela à ce protagoniste. Ceci n’empêche pas pour autant le public de finir absorbé par l’acteur mythique, et encore moins d’être pleinement absorbé dans le film.
Ainsi James Gray s’assure définitivement un grand avenir grâce à ce film. Ad Astra fera sans aucun doute l’unanimité à la fois chez les cinéphiles les plus aguerris mais aussi chez ceux aimant juste aller au cinéma « pour se détendre ». Ad Astra nous laisse sur une touche de satisfaction, peu importe nos croyances face à ce qui existe au delà de notre planète. Nous en sortons calmes, presque apaisé face à l’immensité de notre ignorance au sein de l’univers.
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