Mascarade de Nicolas Bedos : Bedos tombe en rade

mascarade pierre niney plage

Présenté en mai dernier lors du Festival de Cannes 2022 (hors compétition), Mascarade de Nicolas Bedos s’annonçait  comme l’un des films français incontournables de la fin de l’année. Hélas, malgré un casting XXL, le film souffre de ses enjeux soporifiques et du déséquilibre de ses séquences, rallongeant l’expérience de visionnage.

Dans Mascarade, lorsqu’un jeune gigolo tombe sous le charme d’une sublime arnaqueuse, c’est le début d’un plan machiavélique sous le soleil brûlant de la Côte d’Azur. Les deux amoureux sont-ils prêts à tout pour s’offrir une vie de rêve ? Quitte à sacrifier celle d’une ancienne gloire du cinéma et d’un agent immobilier ?

Mascarade
© Pathé Films

Une écriture en demi-teinte

Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet ou encore Marine Vacth. Le casting a tout pour séduire. Néanmoins, Mascarade n’exploite aucun de ses comédiens avec la justesse qu’on leur connaît. Si les performances ne sont pas mauvaises, les enjeux que créés les personnages ne laissent entrevoir aucun point d’ancrage émotionnel auquel se rattacher. Chaque bonne action est annihilée par de mauvaises intentions, quand chaque coup de poignard semble se justifier par des cicatrices anciennes. Ce procédé est-il indispensable pour écrire des personnages contrastés ? S’il en est une piste de réflexion, il ne se tient pas à lui-même. Ici, nos protagonistes ne sont jamais définis autrement que par leurs objectifs ou leurs pulsions, rendant l’attachement forcé pour certain, inexistant pour d’autres.

Le début du film en est même déroutant quand – lors de la présentation successive des protagonistes – le genre de l’œuvre est remis en doute. Est-ce un whodunit ? Est-ce un thriller ? Surprenamment, ce parti pris fonctionne plutôt bien et facilite l’entrée dans le film. Le cadre de la Côte d’Azur appuie dans ce sens. En effet la French Riviera offre un décor de jeu rassurant et ludique, dont le spectateur peut se satisfaire pleinement et se laisser porter. L’intention du long-métrage est certes engageante dans sa première partie. Mais ceci ne fait que mettre en lumière les faiblesses de l’œuvre.

Le Grand Rien

Mascarade souffre des mêmes erreurs que de nombreux films de plus de 2h. C’est à dire, des séquences sans enjeux pour du remplissage de style. Nicolas Bedos sait tenir sa caméra et ne manque pas d’inventivité mais sur des instants assez vains. Le décalage que cela créé ne fait que rajouter du factice au film qui n’en était pourtant pas vraiment dépourvu. Si les comédiens fournissent le travail demandé, les interactions entre les protagonistes sonnent faux. Ces derniers semblent toujours focalisés sur l’intrigue à venir plutôt que sur les évènements présents, laissant une fois encore le spectateur en retrait.

Le cinéma est subjectif. Le mercredi 26 octobre, au Forum des images, la salle acclame Nicolas Bedos, Pierre Niney et François Cluzet à la fin de la projection du film. Si quelques spectateurs n’ont visiblement pas apprécié l’expérience, la salle est unanime. C’est un succès pour le réalisateur ce soir-là. Pourquoi ce film semble aussi clivant ? Une nouvelle fois, Nicolas Bedos va jouer sur des moments forts pour marquer le spectateur avec une mise en scène bien léchée qui paraît ambitieuse. Mais une jolie boîte vide reste décevante et cela semble s’installer dans son cinéma depuis deux longues années.

Mascarade
© Pathé Films

Mascarade n’arrive pas à la moitié de ses ambitions et passe lentement sous nos yeux fatigués. Le retour du duo BedosNiney (après OSS 117) ne crée aucune fulgurance et s’enferme dans ce même schéma d’enveloppe creuse aux fioritures soignées.

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