Plus le film est bon, et plus il est compliqué d’appréhender une suite. C’est aussi le cas lorsque le premier film a eu un succès colossal. De ses nouveaux personnages féminins forts comme Elsa & Anna à sa chanson que l’on connaît sur le bout des doigts, Disney reste confiant. Il livre avec La Reine des Neiges 2 une suite convaincante pour les enfants mais manquant d’approfondissement.
Trois ans après les évènements du dernier film, Elsa entend une voix l’appeler au loin. C’est autour de ce mystère que Chris Buck et Jennifer Lee bâtissent ce film qui tombe à pic pour cette baisse de température. La Reine des Neiges 2 plaira, c’est certain. Mais jusqu’où parviendront-ils à berner les spectateurs ?
Rien de révolutionnaire
Le plaisir de retrouver les différents personnages est immédiat. Le film parvient, dès son introduction, à nous capter par un flashback familial. Dans celui-ci, les parents d’Elsa et Anna racontent une histoire, ou plutôt une péripétie du passé. Avant même de recontextualiser les différents changements qui ont opéré lors des 3 dernières années, le fil rouge du mystère est posé et nous savons pertinemment qu’il sera au centre de l’intrigue. Lorsque l’on revient au présent, la transition d’exposition des personnages tels qu’ils sont aujourd’hui est fluide. Nous sommes alors entièrement captivés par ce qu’il s’y déroule.
Les films d’animation ont quasiment tous plusieurs grilles de lecture. Et c’est en grande partie à ce niveau qu’il est impossible d’être totalement satisfait en ressortant du film. On est loin d’attendre un film d’une qualité narrative irréprochable et d’une profondeur propre aux films Pixar. Mais cette grille est abordée, elle est même évoquée à plusieurs reprises. Et puis silence radio, comme pour accomplir une tâche ingrate de manière médiocre et dire ensuite qu’elle a été réalisée.
Ce fameux fil rouge confronte 2 peuples : celui du Royaume d’Arendelle et les autochtones vivants dans la forêt, ce qui est bien évidemment un parallèle avec le colonialisme. Si quelques dialogues de confrontations par rapport à celui qui a commencé à embêter l’autre sont lancés, le tout est vite expédié.
Un scénario progressiste
La Reine des Neiges 2 se consacre donc essentiellement aux crises existentielles des différents personnages. Ceci, aux dépens de sujets importants comme le colonialisme et la peur de l’autre. Que ce soit sous forme d’intrigue principale avec les origines d’Elsa et Anna. Ou bien sous forme d’intrigues secondaires avec Olaf (grandir et accueillir de nouvelles idées et des nouvelles émotions) et Kristoff (demander Anna en mariage).
La grande force du film réside dans sa capacité à proposer de belles images avec des contrastes de couleurs conséquents. Ceci qui change du 1er film qui restait très froid. L’ensemble nous permet alors de suivre sans difficulté ni longueur cette histoire. On remarque quand même une part abusive des chansons, qui opèrent presque toutes les 10 minutes. Cela nous rappelle le côté rébarbatif de Vaiana.
Il faut quand même préciser que les enfants et les petites filles vont grandir avec des personnages féminins forts que sont Elsa & Anna. La part des hommes dans ce film (Kristoff et éventuellement Olaf) est essentiellement comique. Ceci permet de proposer une noirceur (pas trop quand même, on reste chez Disney) et pouvoir l’atténuer avec des éléments comiques. Et croyez-nous, Olaf et Kristoff ont des scènes mémorables qui font éclater de rire.
Il est important de proposer des personnages féminins inspirants. Mais il ne faut pas que ce soit aux dépens d’une histoire approfondie pour les enfants et pour les adultes. La Reine des Neiges 2 a des personnages attachants, hilarants, des visuels somptueux… Couplés à un manque de profondeur et à une impression d’inachevé. Espérons qu’ils s’arrêtent là, sur une note ni fausse ni bonne.