L’hégémonie des studios Disney ou l’ascension d’un mastodonte

Denis Villeneuve à la conquête d'Hollywood Disney cinéma engagé Studios Disney, Les années 2010 au cinéma

Cinéthème #2 | En 2019, 80% du box-office mondial appartient aux studios Disney, tout comme 8 des 10 plus gros films de l’année. 

Cette décennie fut riche en films, mais il y a un véritable changement qui s’opère dans le cinéma aujourd’hui, un changement qui n’appartient pas exclusivement qu’aux plateformes VOD mais qui souligne surtout l’ascension d’un mastodonte, l’hégémonie des studios Disney au cours de la décennie.

L’oncle Picsou

L’historique des studios Disney est chaotique et remplie de chiffres. Tout est une question d’argent, et de pouvoir. D’où cette décennie remplie d’achats et qui permet à Disney d’avoir un monopole sur tout. Début 2010, ils obtiennent Marvel Entertainment pour 4 milliards de $. En 2012, ils annoncent l’achat de Lucasfilm et l’ensemble de ses filiales pour 4,06 milliards de $. Notons qu’en 2013, ils annoncent qu’ils ont d’ores et déjà battus le record de 2010 en dépassant les 3,791 milliards de $ au box-office grâce à Marvel, Disney et Pixar (en 2019, c’est 11,1 milliards de $ au box-office…). En 2019, Disney finalise l’achat de la majorité des actifs de la 21st Century Fox pour 71,3 milliards de $ (20th Century Fox, BSkyB, National Geographic Channel et Star India).

Entre 2013 et 2019, les studios Disney se lancent dans la création d’un service de vidéo à la demande pour concurrencer Netflix : Disney +, avec la présentation du catalogue qui regroupera les films Disney (Marvel, Lucasfilm) mais également les films 21st Century Fox. 

L'hégémonie de Disney, ou l'ascension d'un mastodonte Thanos Mickey Studios Disney

Un industriel en constante adaptation

Après cet historique, il est important de questionner cette place occupée par le studio. D’un point de vue commercial, les autres studios devront suivre la voie imposée par Disney pour survivre. Artistiquement, nous nous dirigeons vers un lissage des grosses productions et de ce fait, vers la mort d’un certain style d’auteur de blockbuster. Il y a également cette notion de contrôle que veut imposer Disney sur leur plateforme de streaming Disney + où ils modifieront d’anciens films pour les rendre tout public. Le cinéma américain risque d’en prendre un coup puisqu’un des marchés les plus importants pour Disney est la Chine, et ils sont conscients voire obligés de s’aligner par rapport aux attentes chinoises (en prenant le cas du dernier Star Wars IX, des modifications du scénario ont eu lieu pour anticiper les craintes des chinois).

Impossible d’aborder le sujet sans mentionner cette distinction qui risque de disparaitre lorsque l’on abordera le blockbuster dans quelques dizaines d’années : celle entre l’art et l’industrie, parce que le cinéma est autant un art qu’une industrie, mais le règne de Disney qui débute véritablement maintenant supprimera petit à petit cette notion d’art pour faire gonfler les chiffres d’une industrie à leur merci. En France et en Europe, on ne considère pas le cinéma comme une industrie, mais bien comme un art, nos chances de survies sont donc bien supérieures aux américains.

L'hégémonie de Disney, ou l'ascension d'un mastodonte A24 Studios Disney

Une résistance indépendante ?

Face à l’hégémonie de Disney, la réflexion peut sembler pessimiste, mais on peut également contrebalancer en parlant des quelques survivants (ils ne sont pas nombreux), en commençant par la seule chance de s’en sortir pour un studio indépendant : avoir des années d’expérience derrière, d’où la réussite de quasiment chaque film du studio A24. En effet, il serait presque impossible de créer une nouvelle société de production indépendante aujourd’hui, elle croulerait vite, très vite…

Il y a ce concept d’héritage d’efficacité de production de Miramax utilisé par A24 et Blumhouse, une méthode de production à bas coût donnant la chance de lancer de jeune cinéaste. Si le film est un succès, il rapportera un gain considérable. Si le film est un échec, les pertes seront moindres. Il y a tout de même des contraintes puisqu’il s’agit d’une production à la chaîne, faisant en sorte que certains films marchent mieux que d’autres, mais c’est cette manière de survivre qui fonctionne le mieux.  Du côté des blockbusters, il reste tout de même ceux qui tentent de tenir l’ancien modèle (comme  pour Mission Impossible) ou ceux qui se doivent de suivre le mouvement comme la Warner et son DCU (en se plantant parce que trop précipité), ou bien ceux qui prévoient des Cinematic Universe morts nés (Dark Universe). 

Un grand merci à Vincent pour ses précisions sur le sujet.

2 thoughts on “L’hégémonie des studios Disney ou l’ascension d’un mastodonte”

  1. Pingback: Ip Man 4 : Everybody was Kung-fu Fighting | Critiques

  2. Pingback: Cinéthème #2 : Une décennie de cinéma - Présentation |

Laisser un commentaire