Aladdin de Guy Ritchie n’est certainement pas le fruit d’une volonté artistique, mais arrive tout de même à être un divertissement intéressant pour quiconque arrive à prendre ses distances avec le film d’animation de 1992.
Le remake live-action du film sur le célèbre voleur Aladdin est réalisé par Guy Ritchie (Snatch, Sherlock Holmes) et raconte plus ou moins la même histoire que le premier du nom, à quelques détails près.
Un copié/collé ?
Effectivement, Aladdin joue un jeu assez dangereux en essayant de transmettre la même histoire, ainsi que les nombreux moments cultes, à des spectateurs qui compteront parmi eux un nombre certain de fans et connaisseurs du film d’animation. Ce qui est attendu pour la plupart, c’est donc du plan par plan, une fidélité incontestable envers le monument qu’incarne le film original. Pourtant, c’est bel et bien le meilleur moyen pour un remake de se rater complètement et de finir en tant que film désincarné et sans intérêt, une cible pour toutes les critiques.
Le spectateur y a tout de même droit ici : de nombreux moments du film sont exactement les mêmes que dans le premier, les chansons sont présentes mais… Tout cela manque cruellement d’âme. Au visionnage de ces instants, il manque clairement un minimum de puissance que le film n’arrive pas à insuffler, démontrant nettement une incompétence dans la réalisation, Ritchie ne parvenant même pas à susciter de l’émotion chez son spectateur qui n’attend que ça, même lors d’instants tels que la chanson « Ce rêve bleu », iconique et, visiblement, imbattable. La sensation lors de ces nombreux copiés-collés se rapproche plus de la déception que de la douce nostalgie enfantine. Au revoir à la madeleine de Proust que tout le monde attendait avec ce remake.
Un casting réussi
Pourtant, s’il y a bien une chose à marquer et qui est étonnamment fidèle avec le film d’animation, ce sont les acteurs. Le casting se rapproche de l’irréprochable tant chaque acteur possède en lui les caractéristiques qui définissent chacun des personnages du film d’animation. Du sourire espiègle du jeune Aladdin (Mena Massoud) jusqu’à la beauté renversante de la princesse Jasmine (Naomi Scott), en passant par la gentille hébétude du sultan (Navid Negahban) ou la méchanceté criante du vizir Jafar (Marwan Kezari), l’essence de chaque personnage est perceptible dans les acteurs qui les incarnent. Seul Will Smith fait particulièrement tâche dans un rôle qui ne lui correspond pas et qu’il joue sans incarner.
C’est donc bien plus à travers les personnages que le spectateur est à nouveau plongé dans l’univers qu’il cherche tant, et le film se permet alors de prendre de nombreuses libertés quant à l’histoire originale et effectue de nombreux changements dans un déroulé qui doit justifier les 40 minutes supplémentaires qui séparent le remake du film d’animation. Même si tout se joue dans les détails et que l’histoire reste similaire dans ses grandes lignes, l’intelligence de changer quelques peu le scénario permet alors au film d’obtenir sa propre singularité et de ne pas être purement répétitif.
Mais quelques changements bienvenus
Les quelques modifications, lorsqu’elles arrivent dans le film, parviennent naturellement à surprendre les connaisseurs du film original. Si ces changements n’ont rien d’incroyable, ils réussissent tout de même à créer un film différent du premier qui, dans ce cas, n’a plus à être tant comparé à son prédécesseur, même si cette comparaison sera un réflexe pour quiconque a déjà vu le film d’animation. Il prend donc peu à peu de la distance et devient un Aladdin à part entière, un divertissement familial comme Disney sait en faire, loin de la qualité de ses films d’animation mais faisant passer un bon moment, loin de l’ennui et face à des décors et costumes magnifiques et colorés, compensant avec une photographie limitée et sans réel apport.
Si l’on doit comparer Aladdin de Guy Ritchie à l’original, n’a finalement pas grand chose à voir. Ayant compris que le film de 1992 était inattaquable, Disney a judicieusement modifié le film pour en tirer un divertissement sympathique mais pas extraordinaire, faisant quelques références à l’ancien film dans le but de conforter son spectateur, sans pour autant atteindre cet objectif. Ce remake doit donc être pris indépendamment pour réussir à en tirer une qualité certaine mais loin d’être flagrante, ainsi que pour pallier la pauvreté cinématographique des scènes provenant directement du film d’animation.