Alors que la famille dépeinte dans ADN se réunit pour rendre visite au grand-père, sa petite-fille Neige (Maïwenn) lui offre un livre : celui de son existence. Dans cet ouvrage réservé à la famille se trouve consignée toute la vie que l’homme a eue avant de partir de l’Algérie pour rejoindre la France. Le vieil homme, perdu dans les affres de la maladie, finit par pleurer en revoyant l’une des photos de sa mère.
À l’image de cet instant, ADN se construit comme un hommage à ce lien familial que nous délaissons. Lorsque le grand-père décède, seul le petit-fils Kevin, l’excellent Dylan Robert, se trouve à ses côtés. Finissant par l’enlacer, comme si l’amour des contes de fées fonctionnait vraiment, Kevin désespère. Dans un geste bien plus grandiloquent, Neige fait un bouche-à-bouche au mort et tente d’aspirer les résidus d’une âme déjà partie. Dans la continuité, Neige ne s’arrête jamais de multiplier les actions toutes plus désespérées et désespérantes pour rendre hommage à son grand-père : se plonger une dernière fois dans ses draps, emporter tous ses vêtements et, finalement le cœur de ce film, renouer avec une culture algérienne qu’elle n’a que par quelques vagues voyages de son enfance.
A la recherche du temps perdu
Renversant le propos habituel d’un immigré qui cherche à s’intégrer, Maïwenn préfère traiter de l’importance des origines, de la filiation culturelle. Neige tente donc de faire vivre la mémoire de son aïeul, dans un élan bienveillant quoique très artificiel. Pour ce faire, Neige se met à lire des livres sur la guerre d’Algérie, boit du thé et, intention ô combien inintéressante, de faire un test ADN. Toute la question des origines finit par reposer sur un test à 50€ commandé sur internet, faisant du film ADN une jolie campagne publicitaire.
Outre les nombreuses scènes familiales où tout le monde crie et règle ses comptes, le film tend vers une œuvre très égocentrée qui n’exploite pas assez ses points forts, notamment cette pluralité de personnages. En dehors d’une Fanny Ardant tout aussi exaspérante qu’à son habitude et dont il aurait fallu se passer, les personnages opposés de Kevin et Lilah (Marine Vacth) ne se montrent que très peu, alors qu’ils avaient tant à dire. Dans ce désordre de protagonistes, le film peine à réellement calmer le rythme et créer une osmose dramatique pour permettre au spectateur de se sentir pleinement impacté par le deuil, centre du récit. Maïwenn tente ainsi d’équilibrer le ton de son film avec une poignée de scènes comiques, pour le coup réellement hilarantes et à chaque fois portées par Louis Garrel, prenant le pas sur l’aspect tragique.
La réalisatrice/scénariste/actrice principale ne réitère donc pas l’exploit de ces derniers longs-métrages, avec un film qui ne se trouve pas vraiment et qui tire parfois vers une légère caricature. ADN transpire de potentiel, qu’il laisse trop peu fuiter, mais sent la sincérité. Difficile de ne pas accorder d’indulgence à une œuvre qui, emplie de défauts, s’érige en belle tentative de lettre d’amour à la famille et au multiculturalisme.
Très intéressante critique. Maewen règle comme d’habitude ses comptes familiaux à travers tous ses films et le terme egocentree est tout à fait bien choisi pour décrire cette “cineatre.”