David Lowery revient avec son nouveau film, The Green Knight, une magnifique adaptation de la légende arthurienne du même nom.
Comment faire plus éclectique que la filmographie du génial et imprévisible David Lowery ? Après avoir signé l’un des plus beaux films de cette décennie, le sublime A Ghost Story (2017), puis un sympathique mais oubliable The Old Man and the Gun (2018), le réalisateur revient avec The Green Knight, une nouveauté du studio indépendant américain A24. Si le spectateur français n’aura pas la chance de découvrir cette grandiose ode au cinéma sur grand écran, il pourra cependant se consoler avec sa sortie sur Prime Video.
Ainsi, un soir de nouvel an dans les terres anglaises, le roi Arthur et ses chevaliers se trouvent dérangés par un mystérieux chevalier fait d’écorce, venant poser un ultimatum aux guerriers : que l’un des leurs vienne lui donner un coup et il le rendra dans exactement un an et un jour, en échange de son arme, une puissante hache. Sire Gauvain (Dev Patel), désireux de se faire une renommée, décapite purement et simplement le funèbre chevalier. Mais quand celui-ci se relève, Gauvain saisit alors l’importance de l’année qui l’attend, et de cette échéance fatidique à laquelle il ne pourra se soustraire.
Récit mélancolique et vie condamnée
David Lowery est passé maître dans l’art de construire des récits mêlant profonde tristesse et puissante beauté. The Green Knight n’y échappe pas, avec son récit condamnatoire d’un homme aux ambitions pures. Le récit s’articule alors du long périple qui attend le chevalier pour atteindre la chapelle où le Chevalier Vert lui a donné rendez-vous. Adaptation d’un récit arthurien, le récit brasse l’évidente intemporalité de la peur de mourir, de la difficulté de vivre et de l’abnégation à laquelle nous devons faire face toute notre vie.
Si le film se prête facilement au jeu des poncifs chevaliers de l’honneur et de la grandeur d’âme, il va sans dire que The Green Knight est une œuvre majestueuse de contemplation et d’introspection. À l’instar de son fantôme de A Ghost Story, Lowery fait de son Gauvin un être solitaire face à l’inéluctabilité de sa propre mort. Ainsi, cet antinomique chevalier vulnérable avance à tâtons au cours d’un voyage périlleux.
Cinéma psychologique
Avec une réalisation toujours aussi chirurgicale, le spectateur est emmené dans les confins d’un royaume dont la magnifique fresque sera peu à peu dressée au cours du film. La beauté de cette dernière se perd bien malheureusement sur petit écran, mais l’envie de grandeur de Lowery se ressent à chaque instant.
Quid d’un Seigneur des anneaux psychologique ? Ce pari risqué, cette démarche artistique dans laquelle s’inscrit le film, en fait aussi bien une réussite esthétique que psychologique, une œuvre qui sonde l’âme humaine et ses péchés. The Green Knight est évidemment un OVNI qui laissera de côté un grand nombre de spectateurs, mais rares sont les films de cet acabit, capables de questionner sur des éléments aussi fondamentaux.
David Lowery excelle donc une fois de plus en réalisant The Green Knight, un film complexe faisant face à l’introspection torturée de son personnage principal. Le chemin sera autant physique que philosophique pour le spectateur averti qui fera ce voyage aux côtés du touchant Gauvin.
Disponible depuis le 3 janvier sur Prime Video