Sex Education Saison 3 : Analyse et résumé

Sex Education

Sex Education, série devenue maintenant incontournable du catalogue Netflix, revient pour une troisième saison plus ennuyante que surprenante.

La saison 2 de Sex Education laissait les spectateurs face à de nombreuses interrogations. Premièrement, la love-story impossible entre Otis (Asa Butterfield) et Maeve (Emma Mackey) avait fait de nombreux déçus. Rappelons en effet qu’alors que les fans de la série découvrait un nouveau personnage, Isaac, il n’a pas tardé à devenir le personnage le plus détesté. Après s’être rendu compte de ses sentiments envers Maeve, Isaac n’avait effectivement pas hésité à effacer de la boîte vocale de la belle, un message d’amour laissé par Otis. C’est ainsi que se concluait donc la précédente saison. Autre événement important, Aimee (Aimee Lou Wood) après avoir subi une agression sexuelle dans un bus, peinait à remonter la pente et se réapproprier pleinement son corps et ses désirs. Ce début d’année scolaire offre donc la promesse de découvrir ce personnage avec un peu plus d’implication.

Qui dit rentrée scolaire, dit aussi saison des nouveautés. Un nouveau personnage fait son entrée dans le lycée Moordale – et pas des moindres – : Hope Haddon (Jemima Kirke, connue pour son rôle de Jessa dans la sitcom Girls), la nouvelle proviseure. Et puisque Sex Education cherche toujours à représenter toutes les communautés au travers de ses personnages, Cal, nouvel(le) élève du lycée, fait également son entrée. Un personnage qui se définit comme non-binaire. Voilà qui promet donc beaucoup de story-lines différentes à suivre !

emma mackey Asa Butterfield Sex Education

Une pédagogie assumée

La série réitère une année de plus ce pourquoi elle existe : parler de manière décomplexée mais pas imprudente de la sexualité des adolescents. Elle se place donc toujours à l’échelle des protagonistes lycéens, en n’y délaissant pas pour autant les adultes. Qu’ils soient proviseurs, parents, conseillers : tous ont un impact et un rôle à jouer envers les jeunes. Cette troisième saison débute en fanfare. Elle montre en scène d’introduction plusieurs personnages – qu’on les connaisse ou non – s’adonner à des plaisirs charnels. La but étant de normaliser qu’il n’existe pas de sexualité ni de méthode “parfaite” et que tout le monde peut  pratiquer…  à sa sauce !

Une scène d’introduction, donc, qui une fois de plus révèle que sexualité ne rime pas avec tabou. Encore moins si elle concerne des adolescents. Par ailleurs, la série n’a pas peur de presque tourner en ridicule certains moments intimes. L’un des autres maîtres mots de la série étant : l’humour. Car oui, la sexualité ne ressemble définitivement pas – la plupart du temps – à ce que l’on voit dans les films romantiques (ou pornographiques). C’est au travers de cette sexualité plutôt décomplexée que la nouvelle proviseure, Hope, fait son entrée au lycée Moordale. Le choix d’actrice pour incarner ce nouveau personnage est une belle continuité de carrière pour Jemima Kirke, quand on sait que dans Girls, cette dernière incarnait un personnage à la fois insolent et insaisissable, mais terriblement attachant. On ne peut pourtant pas en dire autant de son personnage dans Sex Education.

Trois pas en arrière

Si la série s’est évertué épisode après épisode à vendre aux spectateurs un schéma progressiste, cette nouvelle proviseure apporte à l’intrigue un vent des plus régressif. Combinant répression et désinformation envers les adolescents, cette dernière pense réinstaurer l’ordre au sein du lycée. De cette nouvelle pédagogie, naît une profonde désunion dans l’enceinte de l’école, où chacun perd en assurance et ne trouve pas sa place. Ce manque de nuance apporté à la proviseure, comme aux étudiants, fait assez tâche comparé aux deux précédentes saisons plutôt intelligentes et tempérées jusqu’à présent. Il est pourtant intéressant – et même essentiel – de questionner les méthodes d’enseignements qui sont données dans les écoles.

Autre point légèrement régressif de cette saison, concerne la nouvelle relation entre Otis et… Ruby ! En soi, ce n’est pas tant la relation des deux protagonistes qui dérange (Ruby, au début, a honte de coucher avec Otis et le cache, jusqu’à qu’elle dépasse cette barrière des étiquettes) mais plutôt la construction caricaturale de Ruby, dépeinte comme la populaire du lycée et toutes les manières qui vont avec. Sans compter que son temps d’apparition à l’écran reste trop faiblard pour vraiment la découvrir autrement qu’au travers de sa relation – de courte durée – avec Otis. Quant à Cal, nouveau personnage non-binaire de cette saison, son temps à l’écran est également bien trop court pour en apprendre quoi que ce soit. C’est alors compliqué de lui trouver un réel intérêt et d’apporter aux spectateurs un éclaircissement sur ce qu’est, pour ce cas précis, la non-binarité.

Des représentations omniprésentes mais des intrigues de second plan

L’une des qualités – comme l’un des défauts – de Sex Education, c’est son souhait de représenter tout et tout le monde. Au dépit même de l’intrigue. Par exemple, en saison 2, la série avait vaguement abordé le cas de l’asexualité. Sujet pourtant jamais évoqué dans d’autres séries, ce fut bref et donc totalement inexploité. Un tas d’autres sujets restent encore trop survolés. Par conséquent, cela devient inefficace de les intégrer à la série. Cette saison-ci est certainement la pire en terme d’intrigue(s), y compris celle sur le triangle Otis/Maeve/Isaac.

Comme un vrai coup de mou, les personnalités phares ne décollent plus vraiment et les nouvelles personnalités ne sont pas suffisamment impactantes. Ce qui sauve en partie cette nouvelle saison, c’est le temps plus important donné à l’écran pour le personnage de Aimee. Ou encore pour le couple Eric (Ncuti Gatwa) et Adam (Connor Swindells), ce dernier étant sans doute le personnage qui, depuis la saison 1, connaît l’évolution la plus marquée.

Emma mackey, Aimee Lou Wood et Chris Jenks Sex education

Instabilité et déception

En effet, dans cette saison, Aimee fait le choix de se confier à Jean Milburn (Gillian Anderson), la mère d’Otis. Une décision des plus réfléchies sous les conseils avisés de son amie Maeve. D’ailleurs, l’amitié entre les deux lycéennes est renforcée et toujours plus attendrissante. Voici une saison où tout se fait et se défait sans cesse, une certaine instabilité pourtant pas toujours nécessaire. De plus, comme dit plus haut, l’humour dans la série a toujours été d’une efficacité redoutable. Cette saison-ci, l’humour est un peu ridicule, loin d’être toujours maîtrisé.

Comparé aux deux précédentes, cette saison 3 de Sex Education est malheureusement bien en dessous, ne trouvant que rarement le ton adéquat. Même si certaines scènes restent utiles en continuant d’illustrer la vie des adolescents avec les hauts et les bas qui les animent. Une fois de plus, la conclusion se termine sur des relations laissées en suspend. Toutes les possibilités restent donc ouvertes pour une quatrième saison.

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