Rotting in the sun de Sebastián Silva : De l’inconvénient d’être né

Rotting in the sun Sebastian Silva

Rotting in the sun met en lumière le malaise social et les états d’âme d’une personne torturée avec humour et folie et cela, brillamment réalisé par Sebastián Silva.

Dans une société de plus en plus superficielle, isolée et finalement très solitaire, Rotting in the sun résonne comme une évidence, tout en mêlant la folie à une dure réalité. Le film est à retrouver en exclusivité sur MUBI.

“Alors qu’il se détend dans une ville balnéaire gay du Mexique, le réalisateur Sebastián Silva, déprimé, rencontre le très sociable influenceur Jordan Firstman, et Sebastián accepte à contrecœur de collaborer sur un projet à venir. Mais lorsque Jordan revient à Mexico, Sebastián est introuvable. Jordan joue alors au détective et s’embarque dans un voyage follement imprévisible.”

Sebastián parlant à Jordan
©MUBI

The society is rotting

Dans une époque où les réseaux sociaux remplacent les relations sociales et les échanges directs, Rotting in the sun arrive à montrer les discordances et les impacts négatifs qu’ils engendrent sur les individus et les générations actuelles. La solitude, la dépression, le malaise social, la difficulté de s’intégrer ou encore la superficialité, tout est amené avec un humour noir grinçant et de délicieux moments de malaise. On apprécie le fait que Sebastián lise sur la plage “De l’inconvénient d’être né” de Cioran, qui reflète à merveille sa façon d’amener les personnages, leurs pensées et le film.

Sebastian Silva décide de jouer son propre rôle (en espérant qu’il soit un tant soit peu exagéré), celui d’un réalisateur qui se drogue pour s’évader, qui pense et parle souvent du suicide, jusqu’à en faire de l’ironie avec ses proches. Les acteurs excellent dans leurs rôles déjantés et superbement écrits. Jordan Firstman a également son propre rôle d’influenceur queer, impayable dans son personnage déroutant. Mention spéciale à Catalina Saavedra qui explose l’écran.

Rotting in the sun se compose de deux parties bien distinctes, la première étant celle basée sur Sebastián et sa rencontre hérétique avec Jordan. La seconde s’intéresse davantage à Jordan, la personne derrière l’influenceur et une enquête plus que passionnante.

De l’inconvénient du vide

L’on pourrait croire qu’avec de tels propos que Rotting in the sun est un drame, mais c’est bel et bien une comédie. Une comédie noire et intelligente, mettant en avant des sentiments désespérés que l’on retrouve de plus en plus dans ce monde, à mesure que l’on y trouve de moins en moins sa place.

Les sentiments et états mentaux évoqués semblent plus que réels grâce à une écriture sagace et une réalisation au plus proche des acteurs. Le film joue beaucoup sur les plans rapprochés avec une caméra presque familière, tressant un rapport intime au spectateur. Il vous sera presque impossible de ne pas vous identifier, ne serait-ce qu’un peu, aux émotions et aux états d’âme des personnages.

Toute la complexité de l’humain y est retranscrite comme dans la vie, c’est-à-dire contradictoire et sans forcément d’explications à des agissements bizarres. Chaque personnage a son fonctionnement propre, et l’une des choses les plus intéressantes dans Rotting in the sun est la confrontation entre différents modes d’agir et de pensées, selon diverses sensibilités.

Sebastian et Catalina
©MUBI

Avec Rotting in the sun, Sebastian Silva livre un film aussi drôle que fou. Le fond reste profondément réaliste et nécessaire, avec une réflexion humaniste qui ne fera pas de mal à certains spectateurs. Son visionnage mêlera rires et embarras, mais parlera néanmoins à beaucoup de personnes.

Rotting in the sun est disponible en streaming sur MUBI à partir du 15 septembre.

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