Pompei : L’amour du vide

Pompei nous pompe l’air. Quand l’ennui prend le pas sur la fiction, c’est qu’il n’est jamais très bon de continuer un film.

Pourtant Pompei possède cette particularité qui arrive à maintenir son public malgré l’infamie insipide qui pèse durant tout le métrage. Fruit de la collaboration entre la Belgique, le Canada et la France, Pompei est un film réalisé par Anna Falguères et John Shank, deux réalisateurs à la carrière naissante.

Dans ce premier métrage, ils mettent en scène à eux deux l’histoire de deux jeunes ados interprétés par Garence Marillier et Aliocha Schneider, qui vont tenter de s’aimer dans une région déserte où la jeunesse, livrée à elle-même, est régie par des codes particuliers. Ainsi,  les deux amants vont devoir apprendre à s’aimer en secret, quitte à s’éloigner du groupe familial.

Aliocha Schneider et Garance Marillier dans Pompei

Un film fumeux

Sans pour autant affirmer que Pompei est un mauvais film, il nous faut admettre qu’il nous dérange sous bien des aspects, à commencer par son rythme. En effet, le principal problème du film, c’est qu’à trop vouloir filmer l’ennui, il finit par le susciter. Les personnages qui nous sont exposés semblent bloqués dans cette région déserte et poussiéreuse, animée à longueur de journée par le chant continu des cigales et la chaleur d’un soleil de plomb. Victor et ses frères, trois garçons, attachés par le lien indéfectible du sang, vivent ainsi au milieu de cet endroit exclu de toute forme de société habituelle. Ils vivent d’un maigre travail de mécanicien et de la contrebande d’objets qu’ils trouvent, jusqu’à l’arrivée de Billy, qui va venir bousculer ce rustre quotidien pour séduire Victor et tenter de le faire sortir de son isolement permanent. Et voilà. L’histoire se limite à ça.
Passé ce point après quarante minutes, le film, qui jusque là, était plutôt plat et mollasson ne décolle pas. On reste là à observer les personnages dans une errance vide de sens, que l’on peut traduire par l’absence d’un scénario qui se fait malheureusement ressentir. Les acteurs sont souvent en retenue et ne jouent qu’à moitié. Ce qui devait être un film d’émancipation se transforme en un film sans but ni vie. Le spectateur ne se sent ainsi plus projeté dans cet univers, mais bien contraint de regarder quelque chose qu’il a du mal à apprivoiser, une oeuvre à laquelle il ne se sent pas intégré.
Pompei de Anna Falguères

Une réalisation qui sauve l’ensemble

Mais dans le malheur de cette lassitude, se cache un autre élément qui sauve du mieux possible l’âme d’un film qui a tendance à plonger son spectateur dans un état léthargique. Cet élément, c’est la réalisation, car au-delà d’un scénario creux, elle vient sauver visuellement ce que l’intrigue a du mal à relater. En filmant ainsi de grands espaces vides et déserts, les réalisateurs savent montrer la solitude de ces jeunes qui vivent reclus sur eux-même, loin de toute civilisation, dans des étendues à la photographie teintée du jaune ocre de la terre sèche et des végétations brûlées par le soleil, mélangé à la douceur d’un ciel bleu.
Sans savoir pourquoi en voyant ces paysages poussiéreux rappelant ceux d’un western, on arrive ainsi à comprendre les personnages, à comprendre une certaine douleur de l’abandon, une certaine exclusion qui se transforme en une rage qui va les former et les rapprocher entre eux.

Le resserrement des corps

Lorsque Billy – le personnage féminin interprété par Garance Marillier – fait son entrée, le métrage s’adapte pour filmer la relation amoureuse sulfureuse entre deux adolescents qui se découvrent. La caméra quitte les plans d’ensemble pour se concentrer davantage sur un cadrage serré beaucoup plus proche des corps. On peut ainsi observer chaque détail de la peau éclairée par le soleil qui révèle la beauté de ces corps parfois nus dans une timide intimité ou dans la pudeur d’un visage fermé, souligné par un regard amoureux qui en dit long.
Finalement la terre et la peau finissent par se joindre dans une scène charnelle où les corps s’entremêlent et se débattent dans la poussière et le sable créant ainsi un sentiment cathartique qui unit d’un lien indéfectible les deux héros et l’endroit dans lequel ils évoluent.
Aliocha Schneider dans Pompéi Pompei
Pompei est manifestement un film qui ne sait pas où il va mais qui continue d’avancer même quand il n’a rien à raconter. On a beau attendre et espérer que la mécanique se lance, malheureusement rien ne se passe. Un effort regrettable et une réalisation camouflée derrière un grand monticule d’ennui, probablement dû à des réalisateurs qui excellent bien mieux dans le rôle de créateurs plutôt que dans celui de raconteurs.

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