Si le cinéma indépendant américain ne manque souvent pas d’idées, il y a parfois certaines curiosités qui attirent plus l’attention que d’autres. Parmi celles-là, Pig réalisé par Michael Sarnoski avait de quoi attiser la flamme nanardesque sommeillant en nous.
Nicolas Cage n’est plus à présenter, acteur plus que présent sur les écrans depuis les années 80. Souvent réduit à ses choix douteux, l’acteur n’a pourtant pas à rougir de certains de ses rôles, notamment dans le génial Lord of war (2005) ou encore dans l’halluciné Mandy (2018). Dans Pig, l’acteur mi-figue mi-raisin campe un ermite accompagné de son cochon chasseurs de truffes. Quand ce dernier se fait enlever lors d’une attaque aussi violente qu’expéditive, le vieil homme sort de sa forêt pour tenter de le retrouver, le temps d’un bref renouement avec son passé citadin.
Un poisson hors de l’eau
Si le pitch a de quoi titiller la curiosité, Sarnoski ne semble pas prendre pleinement conscience de l’or qu’il avait entre les mains. Cage en reclus truffier, what else ? Au lieu de fournir le nanar promis et attendu, le réalisateur a préféré prendre une voie totalement différente, pour le moins discutable.
Sous couvert de cette quête complètement absurde, Michael Sarnoski (aussi co-scénariste du film) se livre à une jolie recopie de tout le cinéma indépendant américain de ces dernières années : image stylisée à la A24, choc culturel entre la vie solitaire/campagnarde et la vie citadine, deuil, relations paternelles conflictuelles,… Il est toujours bon de se rappeler, au cours du film, que le point de départ est le vol d’un cochon. Entre autres pour ces raisons déjà bien suffisantes, il est difficile de prendre Pig au sérieux. Le fait que le réalisateur ne semble pas saisir l’ahurissant manque d’originalité avec lequel il s’empare d’un postulat aussi stupidement plein de fraîcheur joue clairement contre le film, qui n’atteint jamais son plein potentiel.
Nick Cage, seule proposition
Là où Nicolas Cage pouvait être attendu dans un rôle similaire à celui qu’il a dans Mandy, en personnage mystique et violent, Sarnoski a joué la carte du vieux sage aux dialogues philosophico-moralisateurs sur l’individualisme social et autres joyeusetés. L’intrigue du film n’apparait alors que comme un prétexte pour faire revenir le personnage sur les traces de son passé, donnant lieu à une ribambelle de clichés censée permettre aux personnages de s’affirmer à l’écran. Cette tentative est bien évidemment un échec, qui laisse donc un arrière-goût de film inexploité.
Pourtant, s’il ne fait que jouer avec la frustration du spectateur, il est difficile de ne pas avoir un minimum de sympathie pour un film qui réutilise les codes qui ont déjà permis à des bons films d’être ce qu’ils sont. Il faut alors admettre que le manque d’originalité du film semble être sa principale force.
Finalement, Pig ressemble à n’importe quel autre film, que vous oublierez dans les jours qui suivent son visionnage. Le seul souvenir qu’il restera sera celui d’un vague cochon truffier arraché de son territoire, que vous aurez finalement vu moins de cinq minutes dans le film.
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