Avec Noureev, Ralph Fiennes signe un biopic qui se démarque dans le paysage cinématographique par sa mise en scène authentique et efficace, témoignant d’un profond respect envers le danseur russe et ses origines.
Noureev marque le retour derrière la caméra de l’acteur britannique Ralph Fiennes, connu pour ses multiples rôles, dont celui de Monsieur Gustave dans The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Le britannique a choisi de s’intéresser au genre du biopic, étonnamment en vogue ces dernières années, tout en faisant dans l’originalité puisqu’il le consacre au danseur de ballet russe le plus célèbre de tous les temps, Rudolf Noureev.
Si l’on peut reprocher au long-métrage une certaine simplicité dans sa réalisation et une histoire très romancée, Noureev se démarque largement par sa mise en scène efficace, notamment lors des scènes de ballet, et son montage dynamique usant régulièrement de flashbacks, démontrant tout le savoir-faire technique du réalisateur.
Ce qui frappe directement le spectateur dans Noureev, c’est le soin apporté à certains détails dans la mise en scène, rendant la démarche la plus authentique possible. En effet, Ralph Fiennes a pris soin de ne pas passer outre les origines de Rudolf Noureev, puisque l’acteur qui l’incarne vient tout droit de Russie. Ainsi tous les personnages russes s’expriment dans leur langue maternelle, et c’est avec plaisir que l’on découvre que Ralph Fiennes lui-même s’exprime dans un russe d’une fluidité exceptionnelle afin incarner Alexandre Pouchkine. On découvre avec enthousiasme la prestation d’Oleg Ivenko, l’interprète de Rudolf Noureev, qui est aussi un danseur professionnel et non un acteur ayant pris des cours de danse pour les besoins de son rôle. C’est dans l’attention portée à ce genre de détails que la démarche de Ralph Fiennes s’imprègne d’une authenticité remarquable.
Une bonne gestion de la tension
Si le long-métrage tire parfois en longueur, notamment dans son deuxième tiers, l’acte final du film brille par sa gestion de la tension et son traitement du désir de liberté de ce danseur aussi brillant qu’arrogant.
En effet, Ralph Fiennes ne se contente pas de dresser un portrait élogieux de cette personnalité hors du commun, mais évoque aussi l’humain, qui n’a jamais manqué de confiance en lui, l’homme autoritaire et souvent égoïste. Mais jamais le réalisateur ne trahit cette passion pour la danse et le travail acharné qui caractérisait Rudolf Noureev. Il retranscrit avec panache son envie d’être constamment sur le devant de la scène, de briller parmi les plus grands noms de la danse, une envie si forte qui le poussera à clamer sa liberté dans ce terminal d’aéroport parisien.
Noureev est un biopic qui réussit largement le pari de dresser un portrait fidèle et authentique d’une des personnalités les plus remarquables de l’histoire. Si le long-métrage souffre d’un rythme parfois lent au cours de son deuxième tiers, il gagne durablement en tension dans son dernier acte qui parachève la quête de liberté du danseur russe. Noureev est une histoire qui valait la peine d’être racontée et dont Ralph Fiennes s’empare avec la plus grande délicatesse.