Nos coups de cœur du Champs Élysées Film Festival 2024

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Comment rivaliser avec le luxe du Festival de Cannes ? En plaçant son Festival en plein cœur des Champs Elysées ! C’est ce que nous proposait le Champs Élysées Film Festival, du 18 au 25 juin pour sa 13ème édition.

Avec une sélection centrée sur le cinéma indépendant américain et français et des rencontres avec Vincent Delerm ou encore le compositeur Rone, le Champs Élysées Film Festival (CEFF) s’est montré plus éclectique et moderne que jamais. Pourtant… nos Heures Heureuses, nous les avons passées avec sa sélection parallèle. Crée en collaboration avec le festival CINEMANIA (Festival de films francophones à Montréal), celle-ci présentait trois (merveilleux) films québécois.

1 – Solo de Sophie Dupuis (en VOD dès le 25 juillet)

Synopsis : Solo raconte l’histoire de Simon (Théodore Pellerin) , étoile montante de la scène drag queen de Montréal. C’est le coup de foudre lorsqu’il rencontre Olivier (Félix Maritaud), la nouvelle recrue du bar-spectacle où il se produit. Alors que Simon croit vivre une électrisante histoire d’amour, il s’installe entre eux une dynamique toxique et destructrice. En parallèle, Claire (Anne-Marie Cadieux), la mère de Simon, célèbre chanteuse d’opéra, revient travailler au pays après 15 ans d’absence.

Les Drag Queens s’invitent au cinéma pour faire resplendir leur art et leurs corps. Un sujet à risque, tant il peut être simple de sombrer dans le stéréotype ou l’iconisation. Sophie Dupuis vise juste en mettant en scène l’Art et l’Amour avec un grand A. Danseuses, actrices, maquilleuses, stylistes, scénaristes,… les Drag Queens sont des performeuses indomptables. Leur beauté se mêle alors à celle de l’image, où les plans séquences, plans serrés et spots de lumière offrent un grand spectacle.

Et quel drame de ne pouvoir découvrir Solo en salles quand DragRace France bat tous les records d’audience ! Au delà de (bien) parler de cet art, le film offre une vision honnête des relations amoureuses, entre deux êtres humains. Ici, l’homosexualité n’est pas décrite comme un fardeau, comme synonyme de sexualité ou d’agressivité, mais bien de sentiments. Ces derniers sont si présents que le duo d’acteur semble en totale fusion, troublant toute certitude de fiction. Dans un contexte où les « Est-ce que ça va ? » ne se posent pas et où la toxicité de leur relation prend le dessus, la séduction électrisante se transforme peu à peu en torture étouffée, jusqu’au manque d’oxygène.

Mention spéciale :

En début de projection de cette sélection parallèle, le Champs Élysées Film Festival proposait la découverte d’un court métrage. Une formule intéressante mais avant tout logique au vu de la présence importante de ce format au cœur de l’événement. Avant de nous plonger dans l’univers extravagant de l’art drag, le Festival introduit la quête du genre avec Hello Stranger de Amélie Hardy. Un tête à tête avec Cooper, qui nous raconte son parcours de transition de genre. Une œuvre qui nous plonge dans une intimité bouleversante, accompagnée d’un regard bienveillant sur les souvenirs de cette jeune femme. De quoi apporter un peu de lumière dans les créations LGBTQIA+ et continuer d’ouvrir la parole sur leurs droits.


2 – Comme le feu de Philippe Lesage (en salles le 31 juillet)

Synopsis : Jeff (Noah Parker), 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha (Aurélia Arandi-Longpré). Tous deux admirent le mystérieux Blake (Arieh Worthalter), un vieil ami du père de la jeune fille, qui les invite à passer quelques jours dans son chalet de chasse au cœur du grand nord canadien. Là, en pleine nature, les deux adolescents se confrontent à un monde d’adultes puérils, prêt à s’embraser.

S’il faut bien reconnaître un réel tour de force propre au cinéma québécois, c’est celui de maîtriser les décors montagneux et le charme subtil de la pudeur de ses personnages. Avec une durée de 2h41, Comme le feu laisse au spectateur l’opportunité de prendre son temps, avec une grand justesse dans la manie de faire durer les scènes. La bande originale et les tons obscurs du film font peser une ambiance lourde sur le récit, nous retenant prisonnier des enjeux narratifs.

Pourtant, il ne passe pas grand-chose. Et c’est à travers les relations humaines, notamment avec des scènes de dialogues nous laissant sans voix, que tout va se jouer. L’ambiance festive des vacances en famille se transforme peu à peu en un crescendo de chaos. Jonglant entre les écarts générationnels, Philippe Lesage offre une grille de lecture riche où chaque action et chaque parole viennent troubler l’ordre des choses. Le réalisateur sème en nous un réel sentiment de confusion, qui ne cesse de germer après ce Champs Élysées Film Festival.


3 – Les Rayons gamma de Henry Bernadet (prochainement)

Synopsis : Il y a Abdel, dont la vie tranquille est chamboulée par l’arrivée de son cousin extraverti qu’il héberge pour l’été ; Fatima qui aspire à une existence plus stable et tente de s’éloigner de ses mauvaises fréquentations ; Toussaint, qui en allant à la pêche, trouve une bouteille échouée avec un message à l’intérieur. Il y a aussi Naïma, Maya, Ayoub et les autres. Fresque mêlant fiction et documentaire, Les Rayons gamma est une comédie dramatique tournée avec des jeunes du quartier St-Michel, à Montréal.

Loin des œuvres teenagers habituelles avec une jeunesse malheureuse comme dans Euphoria ou au contraire rêveuse comme dans La Folle Journée de Ferris Bueller, Les Rayons gamma se dévoile comme un portrait réaliste et délicat de la classe moyenne de Montréal. Pourtant, si ses sujets ne sont pas si joyeux, on retient du film la fraîcheur et la vérité qui se dégagent de son casting.

Proche du regard documentaire, le réalisateur entrecoupe son contexte urbain de plans plus contemplatifs, insufflant un peu de douceur à ses images. Ce coming of age sous forme de film choral offre un état des lieux des doutes et espoirs auxquels se confrontent les jeunes « mis de côté ». Il nous est alors impossible de ne pas nous attacher à leur maladresse, leurs incertitudes et leurs prises de risque. Henry Bernadet ne manque pas de nous rappeler l’importance des mots et combien ils peuvent rapidement dépasser la pensée, au risque de faire voler en éclat des relations.

Mention spéciale :

Dans le même contexte que Hello Stranger, le court métrage Été 2000 nous fut présenté en pré-séance, pour atteindre directement l’allée de notre cœur. Mêlant les images tirées d’une petite caméra familiale à celles d’une pellicule aux lumières enivrantes, Virginie Nolin et Laurence Olivier ravivent parfaitement leurs souvenirs d’adolescence des années 2000. Pourtant, si le film nous offre d’abord un sentiment de nostalgie, celui-ci se transforme rapidement en peine et dégoût. En seulement 20 minutes, les deux réalisatrices composent une œuvre que l’on aimerait voir durer plus longtemps, où la cinématographie brillante s’accompagne d’un casting impeccable.

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