Après sa très clivante trilogie Halloween, qui signait le retour de Jamie Lee Curtis dans son rôle de Laurie Strode, le réalisateur américain David Gordon Green fait revivre la saga de l’Exorciste, avec l’Exorciste Dévotion.
Sixième film de la franchise, l’Exorciste Devotion s’inscrit dans une nouvelle (et donc cinquième) ligne temporelle, se voulant une suite de l’œuvre originale de 1973.
“Depuis que sa femme, enceinte, a perdu la vie au cours d’un séisme en Haïti douze ans plus tôt, Victor Fielding élève, seul, leur fille Angela. Un jour, Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois avant de refaire surface 72 heures plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé… Dès lors, d’étranges événements s’enchaînent et Victor doit affronter de redoutables forces maléfiques. Désespéré et terrorisé, il sollicite la seule personne encore en vie qui ait jamais été témoin de pareils phénomènes : Chris MacNeil.”
Des pas inutiles
Trop régulièrement dans les films produits par la maison Blumhouse, les récits narrés semblent manquer de substance pour tenir leurs deux heures prévues. L’Exorciste Dévotion ne déroge pas à la règle. Au terme d’un flashback inaugural bien trop prévisible, les séquences s’enchaînent les unes après les autres sans sortir de sa trame attendue. « Les gamines vont être amnésiques », souffle un confrère dans la salle de presse, consterné par un film qu’il semble avoir déjà vu cent fois. Surprise, elles le deviennent. Plus loin encore, ce même individu – particulièrement bavard – avance ce que le film veut comme retournement de situation du cœur de la relation entre le père et sa fille.
Ceci étant dit, que reprocher à un film convenu, mais dont l’histoire se déroule sans accroc notable ? Le problème qui leste l’Exorciste Dévotion, c’est le poids d’un héritage qu’il veut exhumer du matériel original de William Friedkin. Non, il ne peut s’annoncer comme une suite directe, quand celle-ci ne comprend pas la moitié des intentions et des enjeux historiques que le premier film mettait en jeu. Non, il ne peut pas non plus poursuivre l’inquiétante bizarrerie que le premier volet a su installer quand son script décide de mettre en avant deux enfants et – par conséquent – n’accorder du temps à aucun d’eux.
En roue libre
Leslie Odom Jr., Ellen Burstyn ou encore Ann Dowd : le casting est alléchant sur le papier, et celui-ci réussi tout de même à convaincre et rester crédible le long de ces deux heures parfois risibles. Du côté des deux enfants (Lidya Jewett et Olivia O’Neill), c’est le même constat. Les jeunes actrices incarnent ce qu’il faut de la possession et semblent réellement investies, ce qui nous fait regretter, à nouveau, le manque de temps accordé au développement de leurs personnages. Toutefois, le chemin brouillon que le film emprunte mène vers une trentaine de minutes jouissives, au cœur de l’exorcisme des jeunes filles. Parfois hilarant et toujours anarchique, ce climax – qui en désespèrera plus d’un – propose des punchlines et des effets graphiques qui accrochent la rétine et viennent ainsi assumer le divertissement que le film aurait dû être, faute de tension et de bizarrerie.
En résumé, l’Exorciste Dévotion manque sa cible quand il s’agit de se positionner comme la suite la plus directe au film culte de William Friedkin, mais ne manque pas de caractère par de très brefs instants. Et du caractère, il en aura bien besoin quand l’Exorciste est, en effet, bien reparti pour un tour de manège avec une trilogie annoncée pour les prochaines années. Retour d’une saga culte ou catastrophe en approche ? Chacun sera juge.