Les Héros ne meurent jamais, c’est l’histoire d’une bande de potes qui décident de se rendre en Bosnie, car l’un d’eux croit être… l’objet d’une réincarnation !
En tête d’affiche de Les Héros ne meurent jamais, nous retrouvons avec plaisir une Adèle Haenel en pleine forme, après Portrait de la Jeune Fille en Feu, cette dernière continue d’être toujours une muse pour la caméra qui la filme, bien que cette fois-ci, elle n’habite pas totalement le rôle de personnage principal.
Le personnage principal, c’est Joachim (Jonathan Couzinié), à qui elle donne la réplique. Joachim croit donc être la réincarnation d’un ancien soldat de guerre Bosnien, prénommé Zoran, après qu’un homme dans la rue l’ait interpellé, et ait prétendu l’avoir reconnu. D’ordinaire, une personne qui vous reconnaît dans la rue, et vous appelle par un autre prénom que le vôtre… il serait bien étrange de se prêter au jeu, et d’y croire ! Ce n’est pourtant pas le cas de Joachim, qui, perturbé par cette altercation, fait tout pour comprendre qui il était dans une vie antérieure.
Si le film commence par cette bizarrerie, sur un ton plutôt amusant, il n’en est rien par la suite. Les deux thèmes principaux du long-métrage sont ceux du deuil et de la mémoire de guerre. À travers la Bosnie, lieu endeuillé, les personnages sillonnent les terres en quête de réponses. Et par la même occasion, faut-il en tant que spectateur, croire à cette réincarnation ?
La caméra se fait complice en incluant le spectateur directement dans l’histoire. En effet, il devient d’emblée un personnage dans le film. L’oeil aiguisé de celle-ci, nous permet de rester toujours au plus près des protagonistes. Les autres personnages s’adressent constamment aux spectateurs, l’appelant «Paul». Paul ne parle jamais, ni ne se montre jamais. Il tient la caméra. Paul, EST le spectateur. Paul voit tout et filme tout. La fébrilité des personnages, les peurs qui les traversent. Leurs actions peu assurées et bancales. Les plans se resserrent sans cesse sur leurs visages, confrontant la caméra au plus près de leurs émotions, lorsque les larmes menacent de couler.
Plus qu’une quête de vie antérieure, Joachim cherche en réalité à échapper à sa condition d’homme mortel. Rêvant d’un cycle de vie éternelle et d’une fin qui en soi, n’existerait pas vraiment. Si les terrains abordés sont intéressants et sensibles, Les héros ne meurent jamais se perd malheureusement grandement en chemin en mélangeant trop de procédés différents. Les personnages et leur quête en deviennent abstraits. Trop abstraits pour pouvoir s’y impliquer au même titre qu’eux. La conclusion ne sera jamais pleinement aboutie ; se terminant sur un visuel faisant penser à du reportage. Le spectateur contemple l’horizon avec les personnages qui marchent tout en ne sachant plus où aller. S’agit-il d’un documentaire, d’un drame ou d’une expérimentation ? Peut-être, est-ce un peu des trois. Le film épouse l’image d’une fable qui se raconte, d’une histoire avant de sombrer dans le sommeil et l’oubli.
Saluons quand même la belle prestation des deux vedettes Adèle Haenel et Jonathan Couzinié, qui savent jongler d’une émotion à l’autre avec une grande souplesse. Ce duo aurait gagné à être creusé plus encore. Car si l’on sent que ces deux personnages sont profondément liés, une fois de plus, l’aboutissement demeure un loupé.
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