Le froid arrive à grand pas. Qui dit fin d’année dit Noël, et qui dit Noël dit films de Noël. Si on associe habituellement ces films (qui appartiennent quasiment à un genre à proprement parler) à des téléfilms cheap, Last Christmas est une comédie sincère et qui use de son honnêteté pour nous embarquer.
Sa réussite n’est pas uniquement due à sa bonne volonté : être gentil ne fait pas tout. Mais le film est réalisé par un connaisseur de la comédie. Paul Feig a produit une saison de la série The Office et Freak and Geeks. Et surtout, c’est Emma Thompson qui signe le scénario. Last Christmas est une romance dramatique. Une femme maladroite du nom de Kate fait la rencontre de Tom, rapidement, elle s’attache à lui. Et c’est avec un synopsis aussi simple qu’on est séduit.
En voyant la bande-annonce et le synopsis, on s’attend à un film niais habituel où deux personnes tombent amoureuses et vivent des mésaventures avant de s’aimer d’un amour éternel dans son dénouement. Last Christmas est un contre-pieds perturbant tant on ne s’attend pas à autant de maturité dans un tel genre qui est, habituellement, voué à évoquer des sujets banals avec un manque de profondeur. C’est sans aucun doute l’effet Emma Thompson, mais l’écriture est intelligente et les dialogues sont naturels, ils coulent comme une évidence, comme si les personnages n’avaient pas besoin de réfléchir, comme si c’était évident, et c’est une douceur qu’on apprécie car les dialogues apportent un certain dynamisme.
Le personnage de Kate est immédiatement touchant par sa maladresse. Toute la première partie du film déroule sa vie, son décalage par rapport aux autres et les ambitions qu’elle est forcée de revoir à la baisse pour survivre. Elle est à la fois spectatrice de son malheur et victime de ce désastre. Notre empathie est spontanée et on ne lui reproche aucune de ses actions (aller voir à droite à gauche, électrocuter un poisson, brûler une maquette…), elle est même spectatrice d’un coup de foudre inattendu, elle qui enchaîne les coups d’un soir sans trouver de personne à part.
Un film banal aurait montré la rencontre avec un homme qui lui sauverait sa vie. Or, ici, Tom a un rôle un peu plus secondaire et permet de faire ressortir les qualités de Kate qu’on pensait perdues. Last Christmas est un film qui montre l’impact des rencontres, la force d’une main tendue vers une autre, l’impact d’une aide (toujours importante selon le point de vue), et c’est avec cette morale (qu’on pourrait qualifier d’anodine) que le film déroule toutes ses idées brillantes. Londres est une grande ville, et pourtant, elle est rarement filmée de telle manière à représenter une petite ville où l’on croise des personnes que l’on connaît à chaque coin de rue.
Un autre film britannique traitait des sujets du Brexit et du racisme cette année (Music of my life). Last Christmas décide de l’aborder plus en surface tout en y donnant de la consistance grâce à un background familial étranger. Kate est yougoslave, émigrée, et c’est par le biais de ses parents qu’on découvre l’affrontement entre son origine qu’elle refoule (avec sa mère) et son pays où elle vit (l’Angleterre). On peut également parler de la précarité avec les SDF et l’importance du bénévolat, la difficulté de faire un coming-out dans une famille plus traditionnelle…
Last Christmas est une comédie surprenante pleine de bonne volonté, dénonçant des injustices, prônant le bien-être et l’acceptation de soi. Les temps sont durs, et le film montre de manière bouleversante qu’une rencontre peut sauver une vie. Emilia Clarke étant une actrice aux expressions faciales marquées, son visage est lumineux