Avec un ton qui se veut léger, Jeune Juliette de Anne Émond accumule les faux-pas dans une histoire qui avait pourtant beaucoup de matière.
Jeune Juliette raconte l’histoire d’une jeune fille assez mythomane et qui n’est pas très appréciée au collège, notamment à cause de ses formes. On suivra sa vie lors de ses dernières semaines de cours, période pendant laquelle elle subira des bouleversements dans tous les domaines de sa vie. Anne Emond, ici à la fois au scénario et à la réalisation, s’attaque à cette période de la vie qui se révèle toujours compliquée à définir et à représenter tant les changements y sont nombreux et complexes.
Un film ouvert d’esprit…
Le film se veut ouvert d’esprit afin de coller au mieux avec les jeunes générations actuelles. Il bénéficie ainsi de bonnes intentions en abordant des thèmes tels que l’amour, la sexualité (notamment l’homosexualité) et la famille. Il est donc logique de suivre cette histoire du point de vue d’une collégienne car elle est dans cette période de la vie où tout change et où plus rien n’est compréhensible, en particulier soi-même.
Le problème c’est que Jeune Juliette ne fait qu’effleurer ces aspects primordiaux. Les scènes marquantes se font rares, pour laisser place à un fil conducteur bancal et sans grand intérêt. Cette comédie ne se révèle que rarement drôle, façonne des personnages clichés dont les dialogues mal écrits ne permettent pas au spectateur de rentrer pleinement dedans. En particulier les ados, pour qui le film est censé s’adresser.
Tout n’est cependant pas à jeter. Il est clair qu’Anne Emond a dû faire de nombreux choix et que le résultat final n’est que la somme de ceux-ci. Nous pouvons citer comme exemple les acteurs, qui possèdent tous un univers bien à eux qui les rend réellement entiers et fiables aux yeux du public. Ils ont tous une personnalité à part entière dans le film, un point agréable qui justifie que le public n’oublie pas leurs visages avant un moment. Antoine Desrochers et Christophe Levac sortent notamment du lot.
…mais inachevé
Pourtant certaines idées dans la réalisation sont très bonnes. Comme lorsque l’écran se scinde en trois, ou un beau plan de déclaration d’amour avec un filtre rose. Malheureusement ces morceaux n’ont pas la réalisation qu’ils méritent, ou bien ne saisissent pas les opportunités qui leur ouvrent grand les bras. Il est visible que la réalisatrice a formé ses plans comme s’ils étaient uniques, mais n’a pas vu Jeune Juliette dans son intégralité, ce qui finit par être rapidement lassant.
Le spectateur s’épuise vite de voir tous types d’objets en premier plan en flou, ce qui coupe l’écran de tous les côtés possibles et imaginables et éjecte le public hors de l’histoire. La réalisation s’améliore cependant de plus en plus au fur et à mesure que l’histoire avance, jusqu’au moment de la soirée finale qui se termine pratiquement sur un sans faute. Le film ne paraît pas complètement fini et certains domaines auraient pu être plus travaillés, comme le son par exemple.
Pour conclure, Jeune Juliette est un film qui possède du caractère et de la volonté mais dont le rendu n’est pas assez travaillé. Beaucoup d’idées sont certes très bonnes mais le manque d’expérience de la réalisatrice/scénariste se ressent fortement.
Une chose est sûre, c’est qu’Anne Emond a un petit quelque chose bien à elle qui ne lui reste qu’à explorer pour lui permettre de créer des merveilles (à condition qu’elle arrête d’essayer de reprendre des plans iconiques comme celui de la fin de Breakfast Club).