HLM Pussy de Nora El Hourch : La Cité des femmes

Nora El Hourch HLM PUSSY

Avec HLM Pussy, son premier long métrage, Nora El Hourch s’affirme en fervente dénonciatrice des violences faites aux femmes.

Qu’ils soient verbaux, générationnels, sociétaux ou économiques, Nora El Hourch expose pendant 1h40 les actes brutaux dont la femme est la principale victime. Neuf ans après son premier court-métrage, Quelques Secondes, HLM Pussy amène le concept de sororité chez une plus jeune génération. Car la réalisatrice porte au cœur la volonté de faire comprendre que les femmes sont d’autant plus fortes quand elles sont unies.

“Amina, Djeneba et Zineb, trois adolescentes inséparables, postent sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en cause l’agresseur de l’une d’entre elles. Elles devront choisir entre sauver leur amitié ou céder face aux pressions.”

De gauche à droite : Amina, Zineb et Djeneba discutant devant leur collège
@ Paname Distribution

Le nouveau Girl Power ?

HLM Pussy s’inscrit d’emblée dans le registre du film engagé, dénonçant le flot d’agressions, aux multiples origines, subies par les femmes. Ces dernières sont victimes d’un égo masculin étouffant, aussi bien au travers des relations paternelles que celles “amoureuses”.

Nora El Hourch construit son scénario avec intelligence et finesse. Le film met en scène trois jeunes femmes qui entretiennent des rapports divers avec les hommes de leur entourage. Relations dont elles ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants. La réalisatrice apporte, en plus, un contexte nuancé à la provenance des violences qu’elles endurent. Stigmatisation des origines, assimilation culturelle et violences familiales peuvent laisser des traces dans la construction de ces hommes qui ont tendance, consciemment ou non, à les répercuter sur leurs proches. Pour autant, ces actes ne seront jamais excusés ou justifiés au cours du métrage, même si HLM Pussy ne se prive malheureusement pas de quelques clichés dans la façon de dépeindre ces habitants de banlieues. Cependant, l’intérêt du choix de ce lieu n’est pas gratuit.

“Soeurs” de combat

Cette situation féminine locale se fait irrémédiablement universelle au fur et à mesure du défilement des scènes. Dans HLM Pussy, Nora El Hourch exprime et expose la souffrance de millions de ses semblables, leur permettant de s’assimiler et de se reconnaître. Par l’intermédiaire de plans rapprochés, astucieux et qui s’accompagnent bien souvent d’une musique angoissante, elle renforce l’idée de la femme prisonnière d’un patriarcat apparemment indestructible.

Que doit-elle supporter, accepter ou encaisser pour obtenir la paix ou un minimum de considération ? Ce ne sera malheureusement pas ce film qui apportera une réponse, tant le problème est toujours une bataille actuelle. Comme le démontre cette séquence finale effrayante digne d’un bon thriller. Ces illustrations sont servies par une excellente direction d’actrices, ses jeunes comédiennes délivrant des performances sincères et touchantes.

Zineb face à une fenêtre aux stores fermés dont le peu de lumière traversant la fenêtre se reflète sur son visage
@ Paname Distribution

Et si faire justice était un privilège ?

Loin de représenter uniquement la femme esseulée par l’ensemble de ces aggressions physiques ou verbales, Nora El Hourch tient également à démontrer la résilience et la force de celle-ci. D’abord au travers d’actes qui visent à transmettre du courage et de l’espoir à toutes ses spectatrices. Mais aussi en posant la notion de privilège dans le combat féministe. Par exemple, un personnage du film “assume” ne pas être féministe, car elle sent que son combat se trouve ailleurs, et que le poids des discriminations qu’elle endure en tant que femme noire, est déjà assez lourd. En somme, que le combat féministe serait un combat de femme privilégiée.

Au travers de cette divergence des luttes, la réalisatrice apporte une véritable critique de l’hypocrisie entourant le passé et le présent colonialiste français. Dont les conséquences se retrouvent actuellement dans les conditions de vie de certaines femmes. Et ceci, sans pour autant tomber dans la hiérarchie simple des “peines”. 

Enfin, Nora el Hourch questionne également son spectateur sur la notion de vengeance. Par plusieurs situations, la réalisatrice remet en cause son utilité. Avant de ne pas se laisser guider par les appels à la vengeance et la justice, ne faut-il pas d’abord comprendre les besoins de la victime ?

Djeneba face à la caméra faisant le signe d'un revolver avec ses mains en pointant une personne hors champs.
@ Paname Distribution

Nora El Hourch dépeint un cercle de violences infinies dont la principale victime est la femme, Avec perspicacité et selon un scénario au ton nuancé et intelligent, Nora El Hourch expose leurs causes, et comment il est pratiquement impossible d’y échapper.

HLM Pussy est captivant, de plus, grâce à une bande son détonante et à de belles idées de mise en scène qui s’intègrent parfaitement dans l’esprit coming of age. Une histoire universelle et intemporelle qui transmet aux femmes, d’autant plus, l’envie de se battre.

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