Face à la nuit avait de quoi séduire et donner envie, mais s’avère être assez décevant malgré un résultat honnête.
Face à la nuit est un film réalisé par le malaisien Ho Wi-Ding et raconte trois nuits dans la vie d’un homme (Zhang Dong Ling), permettant au spectateur de parcourir et comprendre une vie sur le simple temps du film.
Si le projet est ambitieux, il l’est encore plus lorsque le spectateur s’aperçoit de la multitude de genres auxquels le film touche en si peu de temps. Les trois nuits sont ainsi un prétexte temporel et scénaristique pour tenter d’étoffer une histoire quelque peu clichée. S’enchainent alors la science fiction, la romance et le drame en seulement 1h47. Si la transition entre tous ces genres est intéressante pour le flou qu’elle instaure chez le spectateur, incapable de savoir se situer temporellement, elle s’avère être plus un exercice de style qui ne fonctionne que tant que le spectateur est dérouté.
En complément des différents genres présents dans le film, un certain manque de profondeur s’ancre peu à peu pour résulter sur un film qui ne semble que frôler tout ce qu’il veut toucher. Le plus flagrant dans l’essai cinématographique auquel le spectateur fait face est certainement la première partie du film, située dans le futur et présentant (assez logiquement mais sans grande nécessité) une avancée technologique. Toute cette technologie s’avère avoir un côté assez cheap à la Black Mirror et apparaît plus comme un cache-misère que comme un réel défi scénaristique. Au contraire, cette tentative tend plus à perdre une proximité solennelle qui aurait largement pu se créer entre le spectateur et le personnage.
Heureusement, les deuxième et troisième nuits sont plus calmes et classiques, et sont ainsi bien mieux maitrisées. La plus réussie est indéniablement la deuxième partie, permettant enfin la compréhension du personnage principal et, plus important encore, de ressentir une certaine intimité à ses côtés. La majorité des questions que soulevaient la première nuit deviennent limpides pour le spectateur qui peut enfin se concentrer sur la psychologie du personnage plus que sur les micro-intrigues que propose le film. La mélancolie se met en place dans une partie plus axée sur la tristesse d’une jeunesse désabusée et sur la perte de repères qui influera sur le reste de sa vie. La première nuit présentée ne prend qu’alors plus de relief par le lien de cause à effet avec la deuxième.
Le principal problème du film est donc de ne pas savoir insuffler sa force au bon moment. La structure du film ne laisse donc pas la place à une tension autant scénaristique qu’humaine. Pourtant, Face à la nuit est bourré de qualités (ses acteurs, sa musique, sa photographie,…) et ne peut donc pas s’empêcher de déboucher sur une sympathie ressentie par le spectateur.
Face à la nuit est donc une demi-réussite qui atteint des sommets, où le spectateur ne reste malheureusement pas assez pour se prendre la claque cinématographique qu’on lui fait miroiter.