Executioners de Johnnie To et Ching Siu-tung : une anti-suite exemplaire

Maggie Cheung et la fille d'Anita Mui, dans un désert de pierre

Executioners, sorti sept mois à peine après Heroic Trio, marque pourtant une rupture de ton sévère, échangeant la bonne humeur du premier épisode contre brutalité et crépuscule.

Executioners : Au lendemain d’une terrible guerre nucléaire, l’eau non polluée est devenue une denrée rare. Inventeur d’un système de purification d’eau, M. Kim a l’intention de renverser le pouvoir en place pour régner en maître sur le pays. Le trio héroïque va alors se reformer, bien décidé à lutter contre ce tyran…

Anita Mui dans son costume d'héroïne Executioners
© Carlotta Films

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Une suite express

Executioners sort sept mois à peine après Heroic Trio, alors même que ce dernier n’a pas été un franc succès. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que Johnnie To sort plusieurs films la même année. Cette fois Ching Siu-tung, chorégraphe du film précédent, est crédité comme co-réalisateur.

Cette proximité temporelle est quasiment la seule entre les deux films. Son introduction marque en effet une rupture brutale, puisqu’elle nous explique qu’un bombardement nucléaire a ravagé la planète, ancrant cette fois le récit dans un seul genre, pas forcément celui auquel on s’attendait : le post-apocalyptique. Il opère aussi un choix de narration audacieux, puisqu’après l’origin story qu’était Heroic Trio, il nous en conte immédiatement le déclin.

Il est également bien plus ancré dans le réel, mettant les héroïnes aux prises avec un gouvernement autoritaire qui n’hésite pas à réprimer les manifestations dans le sang (évocation à peine voilée au massacre de Tian’anmen) et avec la menace de la radioactivité, qui traduit en fiction les angoisses liées à l’époque à la mise en service de la centrale nucléaire de Daya Bay.

Le général et son sabre Executioners
© Carlotta Films

Impitoyable

Le trio de super-héroïnes n’en est déjà plus un : le personnage d’Anita Mui est devenue mère, celui de Maggie Cheung fait de la contrebande d’eau potable, et Michelle Yeoh aide les habitants dans le besoin. Elles le reformeront bien malgré elle, pour déjouer le complot du dictateur Kim (Anthony Wong, déjà présent dans Heroic Trio, cette fois dans un autre rôle), complot qui tisse une trame inutilement alambiquée et parfois difficile à suivre, mais qui offre à chaque personnage un arc dans lequel s’illustrer.

Si ce n’est ses errances narratives, Executioners est un spectacle plus calibré que Heroic Trio. Ses set pieces sont plus variées et ses chorégraphies plus ambitieuses, il renonce à bien des outrances stylistiques, on y ajoute une petite fille comme ancrage dramatique et des chansons pour émouvoir. Il échange aussi la violence graphique et cartoon du premier épisode pour une violence plus brutale et impitoyable, qui n’épargne personne.

Ceux qui appréciaient Heroic Trio pour sa fantaisie ne la retrouveront pas dans ce récit crépusculaire, où les super-pouvoirs et les voltes en tout genre ne peuvent rien contre les violences politiques, les tirs sans sommation et les exécutions sommaires.

Executioners est disponible au sein du duo Heroic Trio + Executioners chez Carlotta

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