Dans Every breath you take, Philip se retrouve bouleversé lorsqu’il apprend le suicide d’une de ses patientes. Sa famille le rejoint dans sa tourmente lorsque le supposé frère de la patiente s’immisce chez eux…
Nombreux sont les films sortis aux Etats-Unis et ne bénéficiant pas d’une sortie au cinéma en France, et encore plus depuis le début de la pandémie mondiale (Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom). Every Breath You Take ne déroge pas à la règle, puisqu’il sortira directement en VOD le 4 juin 2021. Mais avant cela, les amateurs de thrillers seront servis puisque le film est présenté en Hors Compétition au 38ème Festival du Film Policier qui se déroule en ligne du 26 au 30 mai.
Sur-endeuillé
Comme en témoigne le synopsis, on s’attend à un déferlement de tristesse et à un film profondément marqué par le deuil. Si le deuil est bien présent, la tristesse l’est moins. Dès la scène d’introduction qui met en scène l’accident de voiture qui sera fatal à leur fils, le ton est donné et se poursuit les séquences suivantes où nous découvrons les conséquences de cette tragédie sur le couple de Grace et Philip, et sur la vie de famille avec leur fille Lucy.
Ambiance morose, famille brisée, deuil incomplet… Tous les signes d’un film déprimant sont rapidement mis en place. Alors qu’on pensait que le film allait traiter de ce deuil, il en rajoute une couche et sur-endeuille Philip suite à l’annonce du suicide de sa patiente qui semblait retrouver une vie épanouie. Alors qu’ils font face à des nouveaux problèmes intimement liés au décès de la patiente de Philip, Every Breath You Take semble marteler l’idée que le deuil revient toujours hanter ses détracteurs.
L’arroseur arrosé
Philip est psychiatre, et malgré sa profession, c’est sans doute lui qui semble le plus instable suite au décès soudain de son fils. Sur-endeuillé, il doit faire face à une accumulation d’imprévus qui le plonge dans un état second. Alors qu’il est sous le choc de l’échec de sa nouvelle forme de thérapie qu’il vantait lors d’une conférence (un échange mutuel où le patient et son psychiatre racontent leur vie privée pour donner cette impression de partage et éviter celle de la solitude), il devient l’arroseur arrosé.
En effet, il y a une forte contradiction entre l’image du psychiatre, de sa confidentialité et de sa vie privée fermée aux patients, et l’intrusion du spectateur au sein de sa maison mais aussi en observant le point de vue de sa femme et de sa fille. Ainsi, il devient totalement submergé par le monde qui l’entoure et par l’apparition du supposé frère de sa patiente décédée. En dévoilant sa vie privée à sa patiente et en brisant l’idée d’une thérapie classique, Philip se prend tout simplement les retours de flamme de son action.
Aborder le deuil sans la tristesse et sans les moments concrets de ce deuil plus en profondeur empêchent le film d’exister à son premier niveau de lecture. Malgré la promesse réussie de son introduction, Vaughn Stein (réalisateur des oubliables Terminal et Bloodline) mise tout sur son casting flamboyant (Casey Affleck, Michelle Monaghan, Sam Claflin) et transforme Every Breath You Take en un téléfilm TF1 du dimanche après-midi. Son second niveau de lecture n’est pas mieux, et le film aurait gagné à être un drame plutôt qu’un thriller envenimé par la trame ridicule du supposé frère psychotique, longuement étirée après un semblant de climax pour nous faire soupirer à chaque bouffée d’air respirée.