Netflix fait souvent parler, c’est indubitable, mais souvent en mal. Pas avec Chef’s Table.
En dehors de quelques pépites sorties sur la plateforme (on pense notamment à Marriage Story ou The Irishman), les productions originales sont pour la plupart décevantes, étant généralement bâclées ou créées pour le grand public. Pourtant, lorsque l’on navigue entre tout cela, on peut parfois tomber sur un trésor, un bijou brut : c’est le cas pour la série documentaire Chef’s Table.
La série n’est pas nouvelle (il y a actuellement six saisons), mais force est de constater que peu s’y intéressent et peu en parlent. Et quel dommage ! À chaque épisode de la série, on nous invite généreusement à découvrir les cuisines d’un restaurant à l’autre bout du monde. Tout y passe, du restaurant gastronomique en lice pour être le meilleur restaurant du monde, jusqu’au fast-food mexicain.
En terme d’expérience, Chef’s Table est totalement passionnant parce que l’on vagabonde, au fil des épisodes, de pays en pays, de personne en personne. Parce que bien évidemment, tout l’intérêt de la série réside finalement dans la découverte des êtres derrière telle ou telle cuisine. On oublie peut-être à quel point la cuisine peut revêtir une forme artistique, et à quel point ce peut être fascinant de s’intéresser, pendant un peu moins d’une heure, à l’esprit (fou, souvent !) qui s’amuse à créer. Sur ce point, on pense notamment aux grands chefs, ceux qui font parler d’eux dans la presse mondiale (encore faut-il lire ce type de presse).
Top Chef
Mais l’expérience du visionnage de Chef’s Table n’est que plus complète grâce à la découverte, parfois, de récits totalement singuliers. On pense notamment à l’épisode (de la saison 5) sur Cristina Martínez, une femme mexicaine ayant fui son pays et son mari violent pour vivre illégalement aux États-Unis afin de gagner sa vie et pouvoir payer les études de sa fille. Ce genre d’histoires nous remet les pieds sur Terre, c’est indéniable.
Mais c’est alors qu’intelligemment, la série couple ces histoires avec la cuisine, finalement le nerf de la guerre. On ne voit toujours que vers la fin de l’épisode les plats (et leur intitulé) que peuvent façonner la personne que nous entendions parler depuis 45 minutes. C’est donc là que l’on voit clairement la volonté artistique derrière Chef’s Table, celle de nous immiscer dans l’intimité d’un chef avant de nous dévoiler comment cette dernière est exprimée dans sa cuisine, dans son art à lui. Chef’s Table arrive donc, sous son air de simple docu sur la gastronomie, à insuffler une réelle humanité.
Des séries documentaires sur la cuisine, il y en a à la pelle sur Netflix (c’est à peine exagéré), mais aucune n’arrive à la cheville de Chef’s Table et de son ambition, qui parviendrait presque à éblouir son spectateur qui, face à de si belles assiettes magnifiquement mises en valeur, ne peut pas retenir sa faim. On espère donc que la série continuera encore longtemps, tant elle offre un magnifique point de vue sur la cuisine mondiale et sur les individus qui la façonnent.
Honnêtement, très belle critique… Je ne sais pas si je vais regarder la série vu que j’ai peu de temps, mais tu m’as donné envie de le faire.
En vrai, cette série a l’air d’allier mes deux passe-temps favoris : écouter les gens parler de leur vie et la bouffe.
Bonne soirée à toi !