Au cœur de l’Atlantic Bar, tout le monde trouve sa place. Alors, lorsque sa fermeture est annoncée, c’est tout un monde qui s’écroule, faisant ressurgir des souvenirs enfouis.
Atlantic Bar est sans aucun doute l’un des films confidentiels les plus formidables que vous pourrez voir cette année. Rappelant l’humanité débordante du documentaire Rosy, Fanny Molins filme ces arlésiens, plus sensibles et soudés que jamais.
“À l’Atlantic Bar, à Arles, Nathalie, la patronne, est le centre de l’attention. Ici, on chante, on danse, on se tient les uns aux autres. Après l’annonce de la mise en vente du bar, Nathalie et les habitués se confrontent à la fin de leur monde et d’un lieu à la fois destructeur et vital.”
Arles, grand angle
Lorsque l’on pense photographie, la ville d’Arles nous parvient à l’esprit telle une évidence. Entre son école reconnue (ENSP) et son festival en plein été, la Petite Rome des Gaules a su prendre la pose. C’est donc sans grande surprise que Fanny Molins décide alors d’y retourner, après ses études, pour y préparer un projet. Au départ seulement photographique, elle s’attache rapidement aux personnages de l’Atlantic Bar. Ainsi, telle une metteuse en scène d’un théâtre de quartier, elle décide de réaliser un documentaire pour capturer leurs portraits, au plus prêt du réel.
À partir de sa sensibilité photographique, la réalisatrice prouve une nouvelle fois que documentaire ne rime pas avec concession ou négligence. Dès les premières images, se dessine un film d’une douceur extrême, où le sens du détail fera toute la différence. Pas question de tirer des portraits brutaux. Avec attention, elle pose son regard sur ces villageois au cœur rempli de tendresse.
Comme plongés au sein d’un repas d’une grande famille, nous prenons place sans bien connaitre les personnages qui nous entourent. Sonne alors l’heure du partage et du plaisir. Et sans soumettre de jugement, la caméra jongle entre monologues bouleversants, jeux de mains, verres remplis de bière et sourires.
Le Dernier pub avant la fin du monde
Les mots ne sont pas toujours suffisant lorsque l’on détient une générosité aussi abondante que Nathalie. Au fil du documentaire, nous nous rendons rapidement compte que les clients ne vont pas à l’Atlantic Bar mais « chez Nathalie ». De femme à femme, Fanny Molins dépeint un portrait de mère de village, prête à nourrir quiconque à besoin, et à boire avec eux au péril de sa propre santé.
Qu’il est tentant de prendre le premier train, direction Arles ! Ne serait-ce que pour entendre la voix rauque et chaleureuse de Nathalie. Si son bar et sa clientèle ne semblent pas toujours proches de notre quotidien, la façon dont ils sont mis à l’écran ne peut que nous chambouler. Nathalie apparaît tel un rayon de soleil dans cet espace rempli d’hommes aux passés douloureux.
A l’Atlantic Bar, chacun se sent seul. Et pourtant, tous se retrouvent chaque jour dans leur chez eux. C’est avec un franc succès que le film nous fait sentir chez nous du haut de son heure de durée. De quoi retirer toutes barrières de genre, de classe sociale et même d’âge.
Avec Atlantic Bar, Fanny Molins dévoile un premier film rempli de tendresse et d’humanité. De part ses talents de photographe, elle offre un nouveau regard sur ces figures oubliées. Et si chacun des personnages préfère « être un lâche vivant qu’un héros mort »… Comment mieux leur donner vie qu’en dépeignant de si bouleversants portraits ?