Joanna et Mark Wallace sont mariés depuis 12 ans et commencent à se lasser l’un de l’autre. Lors d’un voyage sur la Côte d’Azur, ils se remémorent quatre voyages qu’ils ont fait ensemble.
Réalisé par Stanley Donen (Chantons sous la pluie, Un jour à New York) en 1967, Voyage à Deux n’est pas une comédie musicale mais une comédie dramatique rythmée par Audrey Hepburn et Albert Finney. Il immortalise l’amour en capturant des moments inoubliables à travers des instants de vie sublimes.
Une romance nuancée
Nombreux sont les films qui parlent d’amour, et ce, sous tout les angles possibles. Voyage à Deux est doté d’un charme propre à lui qu’on ne retrouve dans aucun autre film. Stanley Donen livre une vision nuancée des relations amoureuses. Un sérum d’amour qui devient un poison dès lors qu’il y a un engagement. Comme si le mariage était un sort magique qui transformait des êtres heureux en êtres rassasiés et perdant tout ce qui faisait qu’ils étaient comblés ensemble. Pour un film réalisé en 1967 et évoquant ouvertement les moeurs de l’époque, il ose montrer le comportement qui n’était pas désiré venant d’un homme ou d’une femme. Le film est encore plus savoureux aujourd’hui par sa modernité évidente.
Ecrit par Frédéric Raphael (oscarisé pour Darling et également scénariste du film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick), Voyage à Deux possède des qualités d’écriture évidentes. Il est sublimé par la mise en scène de Stanley Donen. Le récit se permet de jouer avec les temporalités avec une fluidité notable. Le couple se remémore 4 voyages sur le même trajet. Le premier en auto-stop. Le second seuls avec leur première voiture décapotable. Le troisième avec leurs amis américains et leur voiture, et enfin avec leur fille.
Un road movie romantique
C’est précisément cette narration qui nous apprend des informations capitales sur les personnages. Ceci nous permet de nous y attacher et d’être engagés dans la relation qui évolue. Nous sommes témoin mais incapables d’en changer le cours et les conséquences… Dont nous sommes conscients puisqu’on démarre à partir de ce postulat. Entre chaque période, Stanley Donen utilise des transitions (déroutantes au départ) pour nous y plonger. Cela rend le récit fluide et l’histoire d’amour encore plus tragique. En effet, l’on comprend qu’il s’agit de l’amour d’une vie, comme la trilogie Before de Richard Linklater en un seul film.
L’omniprésence de la voiture montre justement que leur vie est un voyage. Et plus il est aisé de voyager, plus la relation s’effrite. Lors de l’auto-stop, ils se rencontrent et font du camping. Avec leur première voiture décapotable, ils font face à des situations cocasses avec leur voiture et refusent de dépenser de l’argent dans des plats trop chers pour eux à l’hôtel. Avec leurs amis américains, ils sont à un moment dans leur vie où ils s’interrogent sur un futur qu’ils construiront ensemble. Et enfin, avec leur fille, tout est tellement similaire à la situation précédente, sauf qu’ils n’ont plus rien pour eux.
Voyage à Deux de Stanley Donen est un chef-d’oeuvre intemporel qui parle d’amour avec humour. Il nous bouleverse par sa capacité à nous immerger dans une histoire d’amour éternelle, menée par une Audrey Hepburn épatante et un Albert Finney romantique.