Un an une nuit de Isaki Lacuesta : (sur)vivre après l’horreur

Isaki Lacuesta un an une nuit

Après Revoir Paris et Novembre, Un an, une nuit s’inscrit à son tour parmi les productions autour des attentats de Paris.

Une exposition frontale à l’horreur de cette soirée au Bataclan et à la vie qui doit continuer derrière. Un an, une nuit de Isaki Lacuesta, c’est l’histoire d’un couple marqué, mais surtout esseulé.

Le soir du 13 novembre 2015, Ramón (Nahuel Perez Biscayart) et Céline (Noémie Merlant), un jeune couple, assistent au concert du Bataclan. Ils réchappent à l’attaque terroriste, mais ne parviennent pas à reprendre une vie normale. Tandis que Céline cherche désespérément à oublier cette nuit cauchemardesque, Ramón se repasse inlassablement les événements dans la tête, comme pour trouver un sens à l’horreur. Pourtant, ils doivent désormais affronter la même question : comment surmonter l’épreuve et se tourner de nouveau, ensemble, vers la vie ?

Un an une nuit
© STUDIOCANAL

Une nuit hors du temps

Chacun, à sa manière, fut marqué par cette nuit du 13 novembre 2015. Des images, des sons, des témoignages: sept ans plus tard, il est toujours impossible de les oublier. Le septième art, lui, commence doucement à s’approprier certains récits de cette soirée. Chaque détail est alors mis en scène. La poussière volante au travers de la lumière des projecteurs de la salle, le bruit des couvertures de survie craquant dans la nuit, les gyrophares transformant la nuit en bleu : Un an, une nuit ouvre sur ces fragments et le spectateur suffoque déjà. 

Le réveil sonne. Une nouvelle vie démarre pour ce jeune couple dont la compatibilité cinématographique surprend (Noémie Merlant et Nahuel Perez Biscayart ensemble, ça surprend). Lui, travaille dans une banque, elle travaille dans un foyer de réinsertion. Deux horizons différents comme les deux chemins de reconstructions distincts qu’ils vont emprunter. Céline (Noémie Merlant) opte pour le silence, Ramón (Nahuel Perez Biscayart) extériorise et veut se souvenir de tout. Des tensions naissent et des disputes d’un classique parisien éclatent. Isaki Lacuesta ne réinvente rien à ce sujet en abordant des thèmes comme la famille ou la politique (une séquence autour de François Hollande frôle le malaise). Les jours passent mais les flashbacks sont nombreux. Le récit de cette soirée commence peu à peu à se dessiner. 

Une année d’isolement

Seul le temps panse les plaies. Les semaines et les mois passent. Ce couple se déchire peu à peu, comme le récit. Les séquences se succèdent et il devient complexe de comprendre où Isaki Lacuesta nous embarque. Les flashbacks sont de plus en plus présents, enfermés dans cette loge où les protagonistes se sont réfugiés. La vérité y est confinée et nous tient en haleine. Le présent, lui, sonne de plus en plus faux avec de grosses légèretés dans chaque dialogue.

Mais c’est à quelques minutes de devenir un film malheureusement oubliable que Un an, une nuit nous cueille sans crier garde. Un ultime monologue en plan-séquence suspendu aux lèvres de Noémie Merlant nous plongeant dans son regard azur rempli de larmes. La vérité est là, la stupeur aussi. 

Un an une nuit
© STUDIOCANAL

C’est donc dans les derniers instants que Un an, une nuit attrape son spectateur malgré un scénario simpliste et des dialogues plus que légers. Un drame sur la reconstruction personnelle où Noémie Merlant époustoufle dans cette année de questionnements… sans réponse. 

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