La saison 3 de The Witcher arrive sur Netflix, avec la promesse de répondre enfin aux attentes des amateurs du sorceleur. Un pari difficile.
Après une première saison critiquée pour sa temporalité incompréhensible et une deuxième pour son trop-plein d’enjeux, la troisième saison de The Witcher, la série de fantasy phare de Netflix, semblait mal partie avant même sa diffusion, avec l’annonce du départ d’Henry Cavill (officieusement pour raisons créatives) et son remplacement par Liam Hemsworth dans le rôle du sorceleur Geralt de Riv. Au bout de huit heures de visionnage de ces nouveaux épisodes de The Witcher, quel est le verdict ?
“Pourchassés de toutes part, Geralt, Yenner et Ciri cherchent à échapper à un monde qui ne cessera de les rechercher. Les trois personnages se retrouvent ainsi obliger d’affronter les forces du Continent, ce monde où tous veulent s’adjuger les services de Ciri et ses énormes pouvoirs pour asseoir une domination incontestable”
Mon sorcier bien aimé
Après le succès critique et public du jeu vidéo The Witcher 3 : Wild Hunt en 2015, la saga écrite par Andrej Sapkowski et adaptée sur consoles par CD Projekt, sa transposition en série télévisée n’était qu’une question d’années. C’est finalement Netflix qui a décroché le gros lot, avec l’espoir à l’époque d’en faire un concurrent à Game of Thrones (HBO) et aux Anneaux de Pouvoir, la série mastodonte à venir de Prime Video.
Deux saisons plus tard, le résultat était mitigé pour Netflix. Si la série bat régulièrement les records de vues et que la présence d’Henry Cavill, grand fan de The Witcher, est un gage de qualité, sa construction a été plus souvent brouillonne que réussie. Dans la saison 1, c’était l’écriture qui posait problème, tant la superposition de temporalités sans aucune explication avait fait parler. Dans la saison 2, c’était cette fois la multiplicité des enjeux, qui obligeait la série à se perdre dans plusieurs arcs narratifs et à ne pas donner assez de temps aux personnages principaux pour briller, qui était questionnable.
Une 3e saison aux grandes responsabilités
Dans cette saison 3 de The Witcher, on ne pourra enlever aux scénaristes de Netflix que les critiques ont été entendues. Cette fois, la temporalité est ramassée, et les enjeux sont clairs et bien définis. Dans les 8 épisodes qu’a compté cette saison, la rationalisation de l’écriture a rendu le visionnage bien plus appréciable. Et même si la saison a été scindée en deux parties en cédant à la mode du moment, la montée en tension avant la pause d’un mois entre les épisodes 5 et 6 a été bien amenée, avec un cliffhanger efficace et surtout pertinent dans la construction du scénario.
C’est peut-être dans les 2 derniers épisodes de la saison 3 que le bât a blessé, les différents dénouements apportés dans l’épisode 6, qui terminaient des arcs narratifs pour certains existant depuis la première saison, enlevant toute inspiration aux scénaristes pour finir les épisodes 7 et 8 convenablement.
Une écriture malheureusement peu inventive
Face aux critiques d’une simplification excessive des enjeux par rapport aux livres, les producteurs de Netflix ont eux-mêmes apporté une réponse bien triste. La raison pour cette simplification est selon eux l’évolution du public, majoritairement américain, qui ne récompense plus la complexité et passe son temps à regarder des vidéos courtes sur les réseaux sociaux.
Bien évidemment, cette explication ne justifie pas tout. Si la première saison de The Witcher était inutilement compliquée à cause de ses temporalités entremêlées, elle avait au moins le mérite d’avoir une écriture intelligente et mature, tout en mettant en scène ce qui fait tout le sel des livres, à savoir l’alternance entre la grande et la petite histoire pour Geralt, de sa mission principale à ses contrats ponctuels où on lui demande de tuer des monstres.
Dans la saison 3 de The Witcher, il n’en est rien. Les intrigues tombent à plat, et l’ingéniosité politique de la première saison laisse place à des complots grossièrement ourdis. Cela va jusqu’à rendre fade la confrontation entre Geralt et l’antagoniste principal de cette saison qui, si elle donne lieu à une scène de combat réussie, n’apporte aucun suivi satisfaisant à l’histoire.
Une fin au goût amer pour Henry Cavill
Grand fan de jeux vidéo et de fantasy, Henry Cavill avait fait des pieds et des mains à l’annonce de la série The Witcher pour en interpréter le personnage principal, Geralt de Riv. Mais bien malheureusement, tout le succès du monde (la série est constamment la plus regardée au monde à chaque saison) n’aura pas suffi à convaincre Cavill de rempiler pour une 4ème saison, tant les choix artistiques et scénaristiques de Netflix ont éloigné la série, de saison en saison, de l’essence des livres.
Et à voir cette saison 3, on ne peut que compatir avec Cavill, tant la série a perdu ce qui a fait son sel pour devenir une quelconque histoire de fantasy. Ainsi, si la saison 4 est déjà en production du côté de chez Netflix, nous ne pouvons que regretter le départ d’Henry Cavill, qui en était le cœur battant et le meilleur acteur.
Série frustrante, terriblement mal construite tout en restant suffisamment qualitative pour donner envie d’en savoir plus, The Witcher et sa saison 3 laissent un goût amer, d’autant plus avec le départ d’Henry Cavill.
S’il sera intéressant d’en voir la suite, nul doute que Netflix a du pain sur la planche pour ne pas se laisser distancer par la concurrence, qu’elle soit de House of the Dragon, Les Anneaux de Pouvoir ou encore Shadow and Bone.
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