The Singing Club (Military Wives) : Le chœur des femmes au foyer

The Singing Club

Il y a déjà 23 ans, Peter Cattaneo faisait chanter le monde entier avec The Full Monty et sa bande de chômeurs pratiquant le striptease sur le rythme dansant de Hot Stuff. Depuis… peu de choses dans la filmographie du réalisateur anglais ont réussi à faire vibrer à nouveau les foules. The Singing Club parvient-il à retrouver la mélodie du feel-good ?

En 2011, le gouvernement britannique de Tony Blair décide d’envoyer son armée en Afghanistan pour libérer la population du joug des Talibans. Mais les épouses restées au pays s’ennuient, pendant que leurs soldats de maris bombardent le lointain pays pour lui apprendre les bienfaits de la démocratie. Motivées par la conservatrice et très coincée Kate (Kristin Scott Thomas) et la libérale Lisa (Sharon Horgan), ces Desperate Housewives – qui n’ont pas l’honneur de recevoir un nom de famille au générique – décident de créer une chorale, The Singing Club, pour soutenir les troupes dans un même élan musical et patriotique.

The Singing Club

First world problems

Si vous lisez ce pitch écrit avec relativement peu de mauvaise foi, vous comprenez vite les deux problèmes principaux du scénario de The Singing Club, tiré d’une histoire vraie : Premièrement, une certaine indécence à filmer des femmes occidentales se plaindre de leur ennui et chanter leur patriotisme, pendant que la caméra se détourne de la guerre menée hors-champ par leurs époux (quelles que puissent être les raisons, bonnes ou mauvaises, pour lesquelles ce conflit fut mené). Deuxièmement, un postulat de l’utilité de la femme, presque aussi sexiste qu’un contrat de mariage signé à Islamabad : Les hommes partis, leurs caleçons et chaussettes sales avec eux, ces femmes seraient ainsi désœuvrées, sans raison de vivre, et ne seraient finalement bonnes qu’à chanter pour exister ?

The Full Monty illustrait avec humour un certain rééquilibrage en faveur de l’égalité des sexes : les quinquagénaires licenciés de la sidérurgie retrouvaient une dignité sociale en se déshabillant et en parodiant l’archétype de l’homme-objet. Ce pied-de-nez polisson à la désindustrialisation et aux neo-cons thatchéristes semble anecdotique, mais témoignait d’une progression dans les mœurs, où l’homme aussi pouvait être un objet érotique consentant. Dans The Singing Club, les femmes passent de la cuisine à la chanson, dans une émancipation toute relative, plus proche du chœur des esclaves de Nabucco de Verdi que de Girls Just Want to Have Fun de Cindy Lauper.

Un air de déjà entendu

Cette comparaison politique évacuée, Cattaneo emprunte globalement le même canevas que celui qui a fait son succès. Les héroïnes dépriment sans leurs maris ; elles s’unissent dans une chorale. Leurs premiers essais sonnent faux ; elles doutent. Elles redoublent d’efforts et de sororité pour surmonter les difficultés ; elles réussissent.

Le script de The Singing Club  est aussi conservateur que son sous-texte, et ne surprendra absolument personne.

The Singing Club

Au registre des points positifs, la direction d’actrices est bonne, les musiques sympathiques, et le département technique reconstitue bien la grisaille déprimante de la campagne anglaise. Sans être très drôle ni très émouvant, l’ensemble reste globalement divertissant et regardable – même si on peut tout à fait ne pas le regarder et mieux profiter des trop longues 112 minutes que dure le film. Par exemple en regardant une vraie bonne comédie sociale anglaise, comme Pride de Mathhew Warchus, Les Virtuoses de Mark Herman, le récent Sing Street de John Carney… ou en revoyant The Full Monty.

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