The Pod Generation de Sophie Barthes : Le nouveau Baby Boom ?

The pod generation

Pour son troisième long métrage, The Pod Generation, la réalisatrice française Sophie Barthes s’entoure d’une équipe internationale (états-unienne et belge) afin d’explorer l’intégration sinueuse mais nettement progressive de la technologie dans la naissance et la transmission de la vie.

A l’heure où les médias déclarent une baisse du taux de natalité pour l’année 2022 en France, The Pod Generation débarque avec une solution grandiloquente. Sophie Barthes place ainsi l’évolution scientifique au service de la fécondité, introduisant un problème majeur pour une partie de la population car celle-ci altère leur conception de l’humanité. L’intelligence artificielle n’aura jamais été plus au cœur des débats.

« Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel (Emilia Clarke) et Alvy (Chiwetel Ejiofor), couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience… »

Alvy porte dans un porte-pod son pod tout en cuisinant tandis que Rachel se verse un verre de vin rouge légèrement décontenancé de ce qu'il lui communique.
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C’est la fin de la spontanéité et de l’effet de surprise. L’intelligence artificielle contrôle tout, au sein du XXIIème siècle de The Pod Generation. La première partie de ce long métrage nous dépeint à quel point l’ingéniosité technologique s’est installée dans le quotidien de ces habitants. Ainsi, une connectivité omniprésente pèse lourdement sur tout ce qui est relatif à la nature, allant de la croissance d’une plante à la fécondité humaine. Les psychologues sont exempts de conscience et les accouchements sont induits pour laisser place à d’autres utilisateurs de ces utérus artificiels.

L’esthétisme de The Pod Generation est un des belles réussites du film. Sophie Barthes érige un New York épuré, minimaliste voire pratiquement robotique. Les décors et habits sont tous monochromes. Ainsi l’individu est sur-connecté tout en étant coupé de ses vrais sentiments et de sa singularité. Qu’en est-il de l’utilisation des sens et des émotions si cher et unique à celui-ci ?

Remodelage de l’humanité

Le spectateur est plongé dans un univers convaincant et aseptisé de toute sensibilité, qui pourrait être son futur. Effectivement, il existe dans celui-ci une sur-positivité qui rejette toute peur et anxiété. Ces dernières étant pourtant des notions très concrètes de l’existence sur Terre. Sophie Barthes nous introduit un monde qui se rapproche dangereusement du métavers de Zuckerberg. Cette simulation favorise ainsi la perte d’une certaine authenticité au profit de la globalisation des données et du remplacement croissant de l’Homme. La musique douce et berçante, à l’instar d’une veilleuse, majore cette impression de simulation 3D.

Au sein de notre siècle contemporain, la reconnexion à la nature est encore idéalisée et semble être seule maitresse du bien-être de tout un chacun. Ici, c’est le contraire : The Pod Generation crée un effet miroir. Où son héroïne, Rachel, à la professionnalisation technologique en puissance, dissimule son envie d’un retour aux sources et d’un retour à la simplicité du siècle d’avant. Le métrage est, sans équivoque, une satire peuplé parfois de moments véritablement drôle.

The Womb Effect

C’est ainsi que The Pod Generation s’attaque à la place de la maternité dans la vie humaine. Sophie Barthes creuse et extrapole l’idéologie féministe qui voit la femme capable de gérer sa grossesse, l’éducation de ses enfants et son développement professionnel. L’entreprise « Pegasus », initiatrice des pods, fait bien entendu référence à Pégase, cheval ailé invincible. Mais aussi à toutes ces nouvelles entreprises technologiques aux mille promesses, finalement plus dénaturantes qu’autre chose. Ainsi, elle certifie aux femmes de les délester de l’énorme charge mentale qu’elles portent sur leurs épaules. Alors que cette invention entretient l’injustice accompagnant la situation de maternité dans le monde professionnel. Le père, quant à lui, peut être totalement effacé de l’équation. Une énième façon de gommer la responsabilité qu’il possède également.

Sophie Barthes donne la voix aux femmes qui souhaitent enfanter sans les contraintes qui accompagnent cette décision. Elle en fixe aussi les limites, en montrant à quel point cela peut briser les rapports que les humains ont l’un envers l’autre. Elle vocalise son intention : « L’utérus est politique ». Le propos est captivant et son sujet, essentiel, nourrissent beaucoup d’attentes chez le spectateur en attente de réponses. Peut-être trop : dans sa deuxième partie, le rythme de The Pod Generation s’essouffle spontanément. Le film ne parvient pas à clôturer ses arcs narratifs avec la même précision que lors de leur ouverture. Il n’exploitera pas, notamment, le ressenti final des deux protagonistes sur leur expérience, au fur et à mesure désastreuse…

Alvy tenant contre lui son pod découpe des morceaux de verdures de son mur végétal.
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Par cette ambiance à la Black Mirror, Sophie Barthes relie l’avancée, à la fois effrayante et hypnotisante, de la technologie face ce qu’il y a de plus sacrée dans le processus évolutif humain, la fécondation. The Pod Generation, même s’il ne finalise pas entièrement son propos, trouve ainsi une manière d’apporter un regard neuf sur ces deux sujets houleux.

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