M3GAN de Gerard Johnstone : La poupée qui fait gnons

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Si vous souhaitez trembler et faire des cauchemars pour le reste de vos nuits, M3GAN (Mégan) de Gerard Johnstone n’est peut-être pas le film pour vous. Pour autant, le petit dernier du très bon studio Blumhouse a plusieurs cordes à son arc.

La vie de Cady (Violet McGraw) bascule lorsqu’elle perd ses deux parents dans un accident de voiture. La fillette de 8 ans se retrouve alors sous la tutelle de sa tante Gemma (Alison Williams), entièrement dévouée à son job de roboticienne dans une entreprise de jouets. Désorientée dans son nouveau rôle de mère, elle décide de faire appel à son tout dernier prototype, M3gan (Mégan). La poupée à l’intelligence artificielle inédite va alors se lier à la petite Cady, quitte à éliminer tous ceux qui se mettront en travers de son chemin.

Fuir ses émotions pour mieux y faire face

Soyons honnêtes, M3GAN (Mégan) n’est pas le genre de film qui vous donnera des sueurs froides lorsque vous croiserez le regard d’une poupée au rayon jouets de votre hypermarché. Petit dernier de Blumhouse, société de production derrière Get out de Jordan Peel et The Visit de M. Night Shyamalan, M3GAN compte parmi les films d’horreur dotés d’un bon scénario. Ce dernier est signé par Akela Cooper (Malignant) et le film est produit par le maître incontesté de l’horreur de ces vingt dernières années, James Wan (Saw, Conjuring…).

Ici, la tristesse, la peur, la pudeur, la culpabilité et la honte sont fidèlement retranscrits à travers de très bons dialogues et le jeu des deux protagonistes. Le deuxième long-métrage de Gerard Johnstone dépeint ainsi la quête de sens et de réconfort de la jeune Cady, très justement interprétée par Violet McGraw et aperçue dans la mini-série Netflix The Haunting Hill of Bly Manor.

En toile de fond, c’est donc la question du deuil qui prédomine. D’abord celui de Cady, devenue quasiment mutique après le décès de ses parents. Pour autant, la jeune fille ne concentre pas toute l’attention du film. On assiste également à la détresse de sa tante Gemma, devenue très soudainement sa tutrice légale. Face à des responsabilités qu’elle n’était pas prête à assumer, l’experte en robotique fait ce qu’elle sait faire de mieux : construire un jouet à la pointe de la technologie qui saura combler les besoins de la petite fille de 8 ans. C’est ainsi que M3GAN, une poupée d’1m20 à l’intelligence artificielle hors du commun, voit le jour. Que d’énergie déployée au service d’une stratégie d’évitement !

(c) Universal

M3GAN, véritable méchante du film ?

Orpheline et mise à l’écart par ce qui s’apparente le plus à une figure maternelle, la fillette va trouver refuge auprès de sa nouvelle amie faite de titane et de silicone. Contrairement à sa tante, qui a plusieurs fois manipulé les émotions de Cady pour servir ses propres intérêts, M3GAN lui permet d’accepter ce qu’elle ressent, jouant par la même occasion le rôle d’un garde du corps à l’éthique particulière. Pour autant, le long-métrage ne tombe pas dans un discours moralisateur dans lequel les nouvelles technologies seraient le mal incarné.

Pendant toute la première partie du film, on se demande même qui est la véritable antagoniste : la poupée de Cady ou sa propre tante, qui semble insensible au mal-être de l’enfant ? Difficilement qualifiable de film d’horreur, tant les mécaniques utilisées sont attendues – jump scare inutiles ou action hors champ qui nous donne envie de crier : “Retourne-toi, bordel!” -, M3GAN parvient tout de même à nous tenir en haleine tout en se démarquant de ses lointains cousins, Annabelle et Chucky. On retiendra notamment une scène où, dans un mouvement désarticulé, l’androïde se met à courir à quatre pattes derrière un jeune garçon, telle une lionne affamée.

(c) Universal

Si la première partie de M3GAN (Mégan) séduit par sa subtilité, le climax final, lui, nous laisse sur notre faim, préférant emprunter la direction d’un affrontement sans saveur au détriment de la cohérence scénaristique.

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