The Dead Don’t Die est un doux mélange entre la comédie et le film d’horreur, non sans rappeler un certain Zombieland, doublé d’un casting XXL ne faisant qu’augmenter la qualité indéniable du film.
Jim Jarmusch revient trois ans après son merveilleux Paterson pour nous proposer, en tant que film d’ouverture du Festival de Cannes 2019, The Dead Don’t Die, un film de zombies comptant dans son casting des acteurs tous plus excellents les uns que les autres : Adam Driver, Bill Murray, Chloë Sevigny, Tilda Swinton ou encore Selena Gomez et Steve Buscemi. Non content de nous proposer un jeu d’acteur de haut niveau, Jarmusch propose ici un film drôle et attachant dans ses moindres détails.
Un humour omniprésent
Rares sont les films qui arrivent à être réellement drôles et à faire passer un agréable moment à ses spectateurs. The Dead Don’t Die fait partie de cette minorité et ceci en mettant en avant un humour multiforme, tantôt bête et méchant, tantôt ironique au possible. Le film de Jarmusch semble si bien conçu que le spectateur peut difficilement s’en sortir sans avoir ri à aucun moment, et c’est bel et bien ce qui prouve la qualité indéniable du film. L’intérêt scénaristique est purement inexistant et chaque seconde qui passe prouve que le film a été créé sans ambition aucune, surtout pas celle de créer un chef-d’oeuvre.
Pourtant, à l’instar du précédemment cité Zombieland, The Dead Don’t Die a tout pour devenir un film culte dans son genre : des blagues à foison, de la violence (mais pas trop), de l’absurde et donc, finalement, sa part de génie. Plongeant de plus en plus dans l’improbable, The Dead Don’t Die est un petit OVNI pensé comme un nanar, mais un nanar de luxe dont on ne saurait se passer. S’il est clairement recommandé de vivre l’expérience en salle de cinéma, l’oeuvre de Jim Jarmusch retrouvera incontestablement une seconde vie à sa sortie en support physique et VOD, et deviendra un incontournable des soirées entre amis, ne nécessitant pas forcément l’attention complète du spectateur pour en profiter.
Une mise en scène rafraichissante
Jarmusch crie sa singularité à travers ses choix d’écriture et de réalisation, et comment peut-on lui en vouloir ? À l’heure où peu de films comiques s’avèrent être réellement bons, The Dead Don’t Die est un vrai vent de fraîcheur, pourtant loin d’une quelconque innovation. Bien au contraire, Jarmusch rend ici hommage aux classiques du film d’horreur, en respectant à la lettre la codification du genre, pour en détourner les règles et ainsi y insérer un cynisme pur et dur. The Dead Don’t Die devient ainsi une vraie preuve d’amour à la pop-culture, sans pour autant tomber dans le piège du film qui s’enferme dans ses propres références. L’équilibre est parfait entre l’univers du film et son lot d’éléments externes à ce dernier, confortant le spectateur dans ce qu’il connait et apprécie.
Seuls quelques défauts subsistent au visionnage du film, notamment une certaine lenteur scénaristique qui peine à arriver au moment fatidique de l’arrivée des zombies. L’humour permet au film de tenir le choc mais n’en devient que meilleur à l’arrivée tant attendue des morts-vivants, donnant lieu à un crescendo de l’absurdité ainsi qu’à de la violence gore volontairement rendue ridicule.
Une oeuvre unique
Malgré quelques fautes minimes, rien ne vient profondément ternir la volonté palpable de créer une oeuvre à la fois totalement unique mais tout autant similaire à des centaines d’autres, appuyant sur les possibilités géniales qui peuvent découler lorsque des réalisateurs déjantés au possible reçoivent carte blanche, montrant que le cinéma n’est pas simplement divisé entre les films d’auteurs subversifs et les blockbusters hollywoodiens. On tombe ainsi, parfois, sur un film de zombies remplis de gags, d’éléments improbables et de dialogues cultes, une oeuvre basée sur un mélange détonnant qui arrive mystérieusement à ne jamais tomber dans le cheap.
Le film prouve alors à tous l’amour pour le cinéma ainsi que la folie imprégnant l’excellent Jim Jarmusch, repoussant encore ses limites pour nous délivrer un nouveau pilier de son genre. S’il n’est pas le chef-d’oeuvre de sa filmographie, The Dead Don’t Die bouillonne d’intelligence et de réflexivité, détruisant le cadre habituel dans lequel sont enfermées la plupart des oeuvres cinématographiques, arrivant à un film que peu de réalisateurs, aussi reconnus soient-ils, auraient eu le courage de proposer avec autant d’envergure et de bonne volonté.