The Crossing : Contrebande à part

The Crossing fille au bord de l'eau

The Crossing emprunte les chemins de traverse de la mégalopole hong-kongaise.

Cela fait 23 ans que l’ile de Hong Kong a été rétrocédée à la Chine communiste. Pourtant, l’ancienne colonie britannique reste un territoire à part de la nation chinoise, plus riche, plus éduqué, plus influent. The Crossing de la réalisatrice Bai Xue est une histoire de passage. De passage entre deux Chine, entre deux mondes. D’un passage d’une classe sociale à l’autre. De l’enfance à l’âge adulte. De passage de la légalité à la criminalité.

The crossing hong kong chine

HK Story

Peipei (Huang Yao), jeune lycéenne de Hong Kong mais habitant à Shenzen sur le continent, traverse chaque jour la frontière entre son domicile et l’île pour étudier en classe. Sa meilleure amie, la fortunée Jo (Sunny Sun), caresse le projet de voyager toutes deux au Japon, pour fêter Noël prochain. Mais Peipei et sa famille ne possèdent pas l’aisance financière des citoyens hongkongais, ni les moyens pour ce couteux voyage. Plutôt que d’y renoncer, l’adolescente commence à participer, autant par hasard que par l’appât du gain, à la contrebande d’iPhone. La candide étudiante devient naturellement une passeuse de marchandises aussi efficace qu’insoupçonnable pour les douaniers chinois…

Clint Eastwood avait narré dans La Mule (2018) le récit d’un vieux retraité convoyant de la drogue à travers les Etats Unis dans son SUV, sans éveiller les soupçons des brigades des stupéfiants. L’argent facile, la simplicité de la tâche exécutée, l’aveuglement de forces de police ciblant des passeurs aux faciès plus « traditionnels »…, sous la conjugaison de ces trois éléments et sans presque s’en rendre compte, le vieux routier franchissait le seuil de la criminalité.

La Mule

Dans The Crossing, la jeune Peipei est ce même genre de mule, insoupçonnable et insoupçonnée, dont la routine des traversées quotidiennes à la frontière, endort tous les contrôles. En Chine, le trafic d’iPhone venus depuis Hong Kong est une activité très lucrative. Volés aux cadres supérieurs et aux fils et filles de bonnes familles de la riche île, ils sont reconditionnés, puis convoyés illégalement en Chine continentale, et enfin revendus sous le manteau.

Cette activité, a priori d’une simplicité enfantine, rapporte plusieurs centaines de millions de dollars aux trafiquants, profitant de la forte distorsion des prix entre ces deux Chine, la capitaliste et la communiste.

Insouciance et délits

The Crossing a le mérite de ne jamais être manichéen dans la description de cette activité interlope. La réalisation, soignée avec goût, profite de la nuit hongkongaise pour cadrer, à la lumière des néons, cette société du crime où le rêve de fortune ne parait plus si illégal que cela. L’horizon de la jeune Peipei s’ouvre imperceptiblement dans ce nouveau monde, qui lui offre l’argent, l’appartenance à un groupe, et même la romance.

Comme Jean-Luc Godard avec son trio délinquant de Bande à Part, Bai Xue capture à la fois l’insouciance et l’inquiétude de cette jeunesse chinoise désorientée, son énergie et son indolence.

Une réalisation qui filme sans juger, en somme. Mais une mise en scène où l’absence de point de vue risque cependant de laisser le spectateur à l’écart. Les passages de marchandises à la frontière, stressants dans un premier temps et lorgnant sur le thriller, prennent ensuite une allure de promenade bien routinière. Le métrage manque de rythme sur la durée, de fantaisie, et ne parvient à renouveler son intérêt dramatique que sporadiquement. Les motivations de la quête de Peipei, loin de s’affirmer, tendent au contraire à se diluer dans une simple histoire crapuleuse, où les émotions affleurent difficilement. En suivant les chemins de traverse de son héroïne, The Crossing peine à trouver sa propre route.

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