Stay Awake est une jolie découverte du Festival du cinéma américain de Deauville et qu’on espère voir sortir prochainement au cinéma.
On remarque depuis quelques années maintenant une volonté des séries télévisées de surprendre le spectateur et d’essayer de se hisser au niveau d’un film, mais décomposé en plusieurs épisodes. Et au contraire, certains films, comme Stay Awake, empruntent les codes de la série pour séduire de nouveaux spectateurs tout en apportant de la fraîcheur aux habitués.
Ethan et Derek sont deux frères soudés, devant faire face à l’addiction à la drogue de leur mère…
Du déjà vu ?
Nombreux sont les films qui abordent le thème de l’addiction. Plus proche de My Beautiful Boy que de Requiem for a Dream, Jamie Sisley décide de faire ce film cathartique pour lui (le constat initial du film est autobiographique) sous l’angle des proches. Sans perdre de temps, la scène d’ouverture nous expose à l’addiction de cette mère en montrant l’envie plutôt que l’acte pour éviter la surenchère visuelle et le misérabilisme. Très vite introduits, Ethan (17 ans) et Derek (19 ans) ne se font pas attendre pour nous montrer l’envers du décor du titre du film, Stay Awake.
Mais l’objectif du film est de lier l’impact de l’addiction à la manière de la vivre du point de vue des proches, donc ici, des deux frères. À un âge crucial pour son avenir et sa quête de soi, comment venir à bout de ses interrogations quand l’être aimé a besoin d’une assistance constante ? Le personnage de la mère s’efface petit à petit pour laisser place à ses fils.
Des personnages crédibles
Stay Awake, c’est le constat d’une stabilité de vie qui doit être trouvée malgré les tragédies et une réflexion sur la façon de commencer à vivre malgré l’addiction de son proche. Jamie Sisley exprime avec beaucoup d’intelligence les difficultés d’Ethan et Derek à s’en sortir, dans une mise en scène cyclique, en passant des scènes où ils ramènent leur mère en voiture chaque soir, à celles où ils lui rendent visite dans un centre de désintoxication. La grande force du film réside dans l’alchimie et l’attachement que l’on crée envers ces deux personnages soudés comme les doigts d’une main, et ayant des interrogations propres à cet âge (éducation, relation amoureuse…).
Une des grandes satisfactions du film réside dans son esthétique léchée, et très proche de séries télévisées comme Normal People. Le film utilise d’ailleurs une narration qui rappelle les codes des mini-séries et pourrait presque être découpé en plusieurs épisodes ! Fin Argus (Derek) et Chrissy Metz (la mère) sont d’ailleurs surtout connus pour des séries.
Stay Awake pourrait presque être un coming of age movie tant il accorde d’importance aux problématiques de l’adolescence et du passage difficile au monde adulte. Grâce à son esthétique et à cette relation de frères attachante, le spectateur ne peut qu’espérer qu’ils finissent par s’en sortir.