Spider-Man across the Spider-Verse : Une toile irréductible ?

Miles Morales vêtu de son costume de Spider-Man en pleine envolé dans le quartier de Brooklyn (New York).

Cinq ans après Spider Man Into the Spider Verse, le second volet des aventures de Miles Morales : Spider-Man Across the Spider-Verse se vêt d’une nouvelle équipe de réalisation.

Ainsi, Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman avaient fait trembler, en 2018, le monde de l’animation. Grâce une technique unique en son genre, Sony Pictures inspira d’autres studios spécialisés dans les métrages animés tel que Dreamworks. Qui reprirent par la suite diligemment ces codes de réalisation. Cette équipe avait même réussi le pari de décrocher LA statuette tant convoitée de l’Oscar du meilleur film d’animation. Mettant fin à des années de domination par le studio Disney/Pixar. Spider-Man Across the Spider-Verse, réalisé par Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson et Kemp Powers, s’inscrit-il dans la lignée, ou fait-il mieux que son précurseur ?

“Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.”

Miles Morales et Gwen Stacy, dans leurs costumes respectif de Spider-Man (Across the SpiderVerse) et Spider-Woman, sont assit à l'envers sur un des immeubles de New York. Ayant une vue inversé de New York.
@Sony Pictures

Le héros de plusieurs générations 

Spider-Man est un des super héros, si ce n’est LE super héros, possédant le plus d’adaptations sur grand écran. En outre, à cela s’ajoute ce diptyque de films d’animation qui diversifie encore plus le champ des possible du justicier masqué.

Grâce ou à cause du multiverse, l’accent est ici mis sur la diversité de représentation. Qu’il s’agisse d’une différence de genre, d’une différence culturelle ethnique voire même d’une différence d’espèce. De ce fait, l’histoire de Spider-Man, aussi universelle soit-elle, est riche et variée. Ainsi, ce film a pour enjeu l’opposition entre la pluralité de tous les Spider-Man présentés et entre la singularité de Miles Morales. Est-il une anomalie ? Les scénaristes nous feront nous poser cette question sans arrêt durant la première partie du film.

De même, Spider-Man Across the Spider-Verse est une véritable ode à son personnage principal. En effet, des milliers de références, aux comics ou aux films précédemment sortis, ponctuent la majorité des scènes graphiques. De plus, l’équipe scénaristique remet en question la construction même du personnage de “Spidey”. Pour la seconde fois sur grand écran, des versions non-humaines de l’homme-araignée sont dépeintes.

Entre apercu de Spider-Women (Gwen Stacy) en plein combat recevant des projectiles en verre faisant sûrement suite à une explosion. Dans Spider-Man Across the SpiderVerse
@Sony Pictures

Le comics à la base de tout

Après des premières parties excellentes, les suites font souvent tâche. Spider-Man Across the Spider-Verse balaie, en l’espace de quelques secondes, toutes nos peurs et tous nos doutes.

Le film tombe dans la catégorie du génie visuel. Il repousse toutes les limites auto-établies et arrive à nous éblouir toujours plus. Et cela, en rendant un hommage vivifiant à toutes les formes d’art animé qui existent. Chacune des dimensions que traverse le spectateur fait profit d’une esthétique différente. Ceci, à travers de la peinture à l’aquarelle, ou encore des comic-books des années 50. Ou bien encore, par des planches entières de canvas à la limite du stop-motion, et même par un univers de Légo. L’intelligence de ce film d’animation est d’être le testament, sur grand écran, de la virtuosité graphique que sont les comic books. Dans Spider-Man Across the Spider-Verse, ils prennent vie à l’écran.

Effectivement, tout part de là et tout y revient grâce à ces deux œuvres cinématographiques créées par Sony Pictures. Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson et Kemp Powers accentuent et majorent le réalisme de l’animation, au point où des scènes entières semblent sorties du graphisme des jeux vidéo. Le film présente de surcroit un superbe travail sur les profondeurs de champs, qui évoluent aisément d’un personnage à l’autre selon les diverses perspectives dessinées.

Spider-Man et Spider-Woman en plein combat contre "La Tâche". Le pied de Spider-Man tombe dans à travers un trou spatio-temporels et frappe malheureusement au visage Spider-Woman situé en arrière plan. Les deux personnages sont issus du spiderverse.
@Sony Pictures

Quid du multiverse ?

Les univers parallèles sont bien entendu de retour. L’intérêt de refaire du “multiverse”  un des axes principaux de ce film est d’en questionner davantage ses avantages et ses inconvénients. Miles Morales se lance ainsi dans une grande quête d’appartenance, et souhaite trouver sa place parmi tous les héros qui l’ont formés et lui ressemblent. Phil Lord, Christopher Miller et David Callaham ont, en somme, comme but d’utiliser le multiverse pour redéfinir l’élaboration de Spider-Man. Et le super-héros qui est habitué à travailler seul, doit apprendre désormais à oeuvrer en groupe. Cependant, quand ce même groupe souhaite le détruire, alors il retombe, sans équivoque, dans sa solitude accablante.

Les vrais héros et inspirations de Miles Morales sont beaucoup plus proches de lui. Son exploration poussée du multiverse répondra donc à ses interrogations incessantes. Il y ne peut y avoir plus grande menace pour la co-existence des différentes dimensions qu’un personnage qui crie corps et âme sa particularité. De plus, les scénaristes apportent de l’envergure à leur super méchant. En connaissance de cause : la qualité d’un film de super héros est proportionnelle à la qualité d’écriture de sa nemesis. Pour autant, ils ne le développent, intentionnellement, pas vraiment. Voulant très certainement le magnifier dans le troisième volet qui débarquera dans un an ?

Miles Morales et sa mère, Rio, en pleine discussion sur un balcon donnant une vue surplombante sur New York. Rio essaye de réconforter Miles.
@Sony Pictures

L’araignée prisonnière de sa propre toile ?  

Spider-Man Across the SpiderVerse s’offre une histoire riche avec des rebondissements et péripéties, inattendues, à n’en plus finir. Le récit en souffre même. Ainsi, il ne peut s’empêcher de faire ressentir quelques longueurs aux spectateurs, puisqu’il s’attache à travailler l’histoire d’origine de, quasiment, tous les Spider-Héros qu’il introduit.

Par ailleurs, le film n’arrivera malheureusement pas à faire mieux en termes de bande originale que le premier volet. Des tonalités latines font éruption pour notre plus grand bonheur mais à des intervalles trop peu fréquents.

Point de vue à travers les pieds de La Tâche. Lui et Spider-Man discutent dans un des rayons d'une super marché.
@Sony Pictures

En conclusion, Spider-Man Across de Spider-Verse va au delà des attentes de ces spectateurs. La suite des aventures de Miles Morales est aussi tonitruante que magnifiée visuellement. La complexité de la personnalité des Spider-Man, à travers toutes les dimensions, est correctement étudiée. L’équipe de Sony Pictures s’envole tranquillement vers l’obtention de sa future statuette.

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