Sirocco et le royaume des courants d’air : Un vent de fraicheur

Les personnages sont emmenés par le méchant entourés des habitants

Le vent souffle. Inspiré notamment par Hayao Miyazaki et l’animation japonaise, Benoît Chieux signe avec Sirocco et le royaume des courants d’air un film frais, immersif et aux différents niveaux de lecture.

Longtemps créateur graphique, scénariste et co-réalisateur, le réalisateur français Benoît Chieux issu du studio Folimage réalise son tout premier long-métrage intitulé Sirocco et le royaume des courants d’air.

« Juliette et Carmen, deux soeurs intrépides de 4 et 8 ans, découvrent un passage secret vers Le Royaume des Courants d’Air, leur livre favori. Transformées en chats et séparées l’une de l’autre, elles devront faire preuve de témérité et d’audace pour se retrouver. Avec l’aide de la cantatrice Selma, elles tenteront de rejoindre le monde réel en affrontant Sirocco, le maître des vents et des tempêtes… Mais ce dernier est-il aussi terrifiant qu’elles l’imaginent ? »

Carmen et Juliette sont transformées en chat, l'une est apeurée tandis que l'autre est heureuse Sirocco et le royaume des courants d'air
(c) Hautetcourt

Loin de chez soi

Débutant comme une introduction d’un jeu vidéo semblable à Zelda où l’antagoniste est présenté avant le héros avec une voix-off explicative, le spectateur est vite ramené à la réalité. Ce que nous venons de voir ne représente pas le réel, mais un récit écrit par une femme et transposé visuellement aux yeux du spectateur. Ce procédé narratif est souvent utilisé dans les films en prise de vue réelle. Très vite, nous comprenons que dans Sirocco et le royaume des courants d’air, le monde réel et le fantastique se côtoient. Introduites très vite, nous savons que nous suivrons le périple de Juliette et Carmen, deux soeurs de 4 et 8 ans, attachées l’une à l’autre et dotées de caractères bien distinct. La plus petite est aventureuse et peu soucieuse des risques et des conséquences. La plus grande, sans cesse dans un rôle de grande soeur protectrice, semble parfois plus mature que ses 8 petites bougies.
En parlant de bougie, parfaite transition pour évoquer l’élément déclencheur de l’histoire : un jouet. Ce dernier sort du livre écrit par leur mère et rappelle très fortement le chandelier dans La Belle et la Bête, autant visuellement que dans sa manière de s’exprimer. Benoît Chieux ne fait pas de Juliette et Carmen deux super-héroïnes devant sauver le monde, mais deux petites filles qui doivent grandir de cette épreuve, et qui auront besoin de l’aide des adultes pour s’en sortir. Pour passer du monde réel à l’univers dans lequel nous serons tout au long du film, c’est encore une fois un élément lié à l’enfance qui fait la transition : la marelle. Pour mieux faire correspondre ces petites filles au nouvel univers dans lequel elles s’inscrivent, elles sont transformées en chat.

Inspiration / Expiration

À la différence de James Cameron qui parvient avec Avatar à créer un univers intégralement novateur, Benoît Chieux parsème le sien de références marquées et assumées à l’univers d’Hayao Miyazaki, aux Ghibli et aux contes de Paul Grimault. Ainsi, on retrouve une certaine mélancolie et un changement de ton étonnant tout au long du film, où les rires et les larmes se partagent la balle avec des personnages amusants.
La musique n’y est pas pour rien : la bande-son symphonique de Pablo Pico réhausse les scènes d’une densité émotionnelle forte. Sans oublier la chanteuse Celia Kameni qui incarne Selma, une chanteuse utlisant l’aspiration et l’expiration pour livrer une des scènes les plus étonnantes du film, dans une salle de concert perchée dans le ciel.

Ombre et lumière

Original dans son animation, Benoît Chieux utilise des aplats de couleurs en supprimant des éléments généralement essentiels dans les films d’animation. Comme par exemple les ombres portées et les ombres propres, rendant l’esthétique vertigineuse et adaptée à l’univers proposé. On découvre par exemple une forêt composée de couleurs superposées, des nuages tout en couleur qui défilent…
L’apport du film réside dans son scénario co-écrit avec Alain Gagnol (qui est plutôt un adepte du polar). Comme à son habitude, il ne s’agit pas là seulement d’un film pour enfant, mais d’un film accessible à tous, avec des degrés de lecture variables. Il faut le rappeler, Sirocco et le royaume des courants d’air est avant tout un film sur le deuil avec deux enfants qui évoluent dans un monde où l’art est une thérapie. Un moyen de faire son deuil à sa propre manière…
Sirocco est face à Juliette dans un lieu désertique qui ressemble à une forêt Sirocco et le royaume des courants d'air
(c) Hautetcourt
À la fin du film, Benoît Chieux remercie « Tous ceux qui dessinent des mondes pour s’y perdre ». Sirocco et le royaume des courants d’air, c’est la promesse d’une immersion dans un univers où la créativité souffle très fort.

Laisser un commentaire