Placés de Nessim Chikhaoui : Le vrai sens de « foyer »

Pour son premier long métrage, Nessim Chikhaoui, revient sur son expérience d’ancien éducateur auprès de jeunes en rupture familiale. Porté par le touchant Shaïn Boumedine (Mektoub My Love : Canto Uno et Intermezzo), Placés porte un regard bienveillant sur la banalité héroïque de ce métier et réussit un joli mélange entre gaieté de l’enfance et dureté de la réalité.

Ayant oublié sa carte d’identité, Elias (Shaïn Boumedine) ne peut pas passer l’examen d’entrée à Sciences Po. En attendant de pouvoir se présenter à nouveau, il accepte un emploi en tant qu’éducateur dans un foyer pour enfants placés. Confronté à un milieu dont il ignore le fonctionnement, Elias ne sait pas encore à quel point cette expérience va changer sa vie.

Shaïn Boumedine et Julie Depardieu dans Placés de Nassim Chikhaoui
© Gaël Rapon

Inspiré d’un histoire vraie

Scénariste des Tuche, Nessim Chikhaoui a décidé de passer derrière la caméra et d’évoquer sa jeunesse en tant qu’éducateur spécialisé. Si l’on passe les quelques embellissements scénaristiques, le film reflète principalement son expérience personnelle et c’est ce côté quasi autobiographique qui fait sa force. Connaissant son sujet, il évite de tomber dans le sensationnel et équilibre son univers dramatique avec une bonne dose de comédie. A la manière de Toledano et Nakache dans Hors normes (2019), le film adopte alors une démarche plutôt bienveillante en voulant principalement se focaliser sur les côtés positifs du métier d’éducateur.

Présenté à ses collègues entre deux claquements de portes, Elias se retrouve jeté dans le grand bain et le spectateur découvre avec lui les difficultés du métier. Il fait la connaissance des jeunes du foyer et subit rapidement les railleries et les disputes. Placés tire sa force de l’énergie communicative transmise par son panel de jeunes acteurs. Laissant une grande place à l’improvisation, le film est à son meilleur dans ses moments collectifs. Ici les la précision des dialogues n’a pas d’importance, c’est plutôt ce qu’ils racontent implicitement des relations entre les différents personnages qui est intéressant. Chaque jeune apporte de sa propre personnalité et on ne peut que s’attacher à cette petite troupe homogène.

Un peu trop optimiste

Le récit se concentre surtout sur deux enfants qui sont les éléments les plus perturbateurs de l’institution. Elias est donc confronté aux violences colériques de Samir (Victor Le Fèvre), mais surtout aux nombreuses fugues d’Emma (Lucie Charles-Alfred), la plus âgée du groupe. Comme le soulignent à plusieurs reprises les éducateurs, ce ne sont pas des jeunes « à problèmes » mais « avec des problèmes ». Nessim Chikhaoui propose donc une autre image de ce métier, moins en surface et dans le rapport de force cliché, que l’on voit notamment chez Pascal le grand frère.

Placés assume intelligemment les dérapages de ses éducateurs, mais il valorise également ceux qui continuent de se battre pour aider ces jeunes victimes d’un système inadapté. Malheureusement, cette vision pleine d’optimisme finit par masquer la réalité et, si la plupart des situations difficiles sont traitées avec réalisme, le film reste trop souvent en retenue sur son sujet dramatique.

Le groupe d'enfant réuni autour de la table pour Noël dans Placés de Nessim Chikhaoui
© Gaël Rapon

Placés ne brille pas spécialement par son discours social balisé et sa réalisation quelconque, mais son réalisme quasi autobiographique, ses dialogues hilarants et son casting de jeunes acteurs attachants lui apportent une jolie dose de sincérité et d’humanité.

 Disponible en Blu-Ray et DVD depuis le 25 mai chez Le Pacte et en streaming sur MyCanal

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