Chers amateurs de frissons et d’étrangeté, le Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) a une fois de plus illuminé le Max Linder Panorama pour une treizième édition mémorable. Du 4 au 10 décembre 2024, cet événement incontournable pour les passionnés de cinéma de genre a tenu toutes ses promesses avec une programmation variée explorant l’horreur, la science-fiction et le fantastique.
Cette treizième édition du PIFFF a en effet été couronnée de succès, avec un record de tickets vendus démontrant l’appétence du public français pour les films dits de « genre ». Retour sur notre sélection des pépites du festival.
LES LONG-MÉTRAGES
1 – Dead Talents Society de John Hsu
Synopsis : « Une jeune fantôme reçoit un ultimatum de la part de sa communauté : si, d’ici un mois, elle ne parvient pas à attirer l’attention des vivants à l’aide d’une démonstration spectaculaire d’activité paranormale, elle disparaîtra à jamais de l’au-delà. »
Comédie horrifique à la croisée entre Beetlejuice et Monstres et Compagnie, Dead Talents Society est une lettre d’amour à ceux qui se sentent comme des ratés dans un monde où il faut se vendre pour exister.
Entre ses effusions de sang et ses séquences de karaoké hilarantes, le film est enrichi par les thématiques du deuil et de la réussite. Le tout rend l’ensemble dense mais jamais maladroit, grâce à un vrai équilibre entre effroi, rires et pleurs. Un joyeux tour de train fantôme et un coup de cœur instantané.
2 – Cuckoo de Tilman Singer
Synopsis : « Gretchen, une jeune Américaine, s’installe en Allemagne dans la nouvelle famille de son père. Mais le patron de ce dernier, un sinistre personnage répondant au nom de M. König, lui donne une mauvaise impression dès les premiers instants. »
Un film classique dans son rythme et son propos, mais qui dénote par son exécution soignée et par l’intensité du jeu des acteur.ices.
Une construction banale donc, mais le cadre et l’inventivité horrifique viennent faire sursauter le spectateur.
3 – Desert Road de Shannon Triplett
Synopsis : «Après avoir crashé sa voiture en plein désert, une femme marche sur la route à la recherche d’aide. Mais avant même d’avoir atteint son but, elle se réveille de nouveau dans sa voiture. Serait-elle piégée dans une boucle ? Et si oui, comment va-t-elle s’en sortir ? »
Est-il possible de renouveler le concept surexploité des boucles temporelles ?
Shannon Triplett le prouve avec un film prodigieux sur la quête de soi, dans un désert solitaire où la perte de repères mène à la complétude.
4 – The Surfer de Lorcan Finnegan
Synopsis : « Un homme revient sur l’idyllique plage de son enfance pour faire du surf avec son fils. Leur escapade tourne au cauchemar lorsqu’un gang de surfeurs du coin leur interdit l’accès à l’océan. Humilié et menacé, le père de famille va devoir se battre pour reconquérir son territoire et l’estime de son fils. »
Allégorie satirique du pouvoir et de l’influence du patriarcat ainsi que des rites quasiment tribaux de la masculinité toxique, The Surfer est un thriller cruel et particulièrement jouissif. Son esthétisme, ainsi que sa palette de couleurs exacerbées, nous donnent l’impression d’être dans un rêve fiévreux.
Un véritable voyage sensoriel porté par un Nicolas Cage complètement déchaîné.
5 – The Wailing de Pedro Martín-Calero
Synopsis : « Quelque chose traque Andrea, mais personne, pas même elle, ne sait de quoi il s’agit. Vingt ans plus tôt, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrifiait Marie. Camila était la seule à pouvoir comprendre ce qui lui arrivait, mais personne ne la croyait. Face à cette menace, toutes trois ont entendu le même gémissement. »
Film d’horreur paranoïaque entre Men et It Follows, The Wailing est d’une maîtrise et d’une précision incroyables.
La construction du récit et son concept percutant nous plongent dans une angoisse profonde du début à la fin.
LES COURTS-MÉTRAGES
1 – Meat Puppet de Eros V
Synopsis : « Le jour où il a promis à sa petite amie d’enfin devenir adulte, un jeune homme ne résiste pas à l’envie de tester une nouvelle marionnette. »
De la créativité, de l’humour absurde et une touche de gore : Meat Puppet s’inscrit avec brio dans la lignée des coming of age pour adulescents. Porté par deux excellents comédiens – David Jonsson et Máiréad Tyers – le film est un véritable crowd pleaser dont le cœur émotionnel n’est jamais négligé.
Une vraie leçon d’écriture et de mise en scène, qui arrive à être toujours juste dans son ton. Un film qui aborde la peur de grandir, le syndrome de l’infirmière et bien d’autres en seulement douze minutes. Un régal.
2 – Prend Chair d’Armin Assadipour
Synopsis : « Venance, adolescent en surpoids, est victime de moqueries et d’agressions quotidiennes dans son quartier et jusqu’au cœur de sa famille. Son corps réagit pour devenir un exutoire à son mal-être.»
Film de body-horror glaçant sur la violence de la grossophobie, Prend Chair ne lésine devant rien pour asseoir la radicalité de son propos.
Grâce à un univers graphique et sonore marqué, on est immergé dans ce conte terrifiant lorgnant vers l’univers de Junji Itō.