Nos 5 coups de cœur du festival du court-métrage de Clermont 2024

Début février s’est déroulée la 46ème édition du festival du court-métrage de Clermont 2024 (ISFF). Un festival réputé pour sa grande diversité, cinématographique comme géographique.

Bien que le festival ait dû retirer des films à cause des subventions réduites, nous avons pu assister à de très nombreuses séances. Depuis les séances en compétition, en passant par les rétrospectives consacrées à des courts-métrages axés sur les droits des femmes. Sous cette belle programmation, nous avons conçu un top 5 retraçant les coups de cœur du festival du court-métrage de Clermont 2024.

5. Wild Summon de Saul Freed et Karni Arieli

Prix du public Labo & Prix des effets spéciaux (ADOBE)

Wild Summon est un récit animé, de manière très réaliste, qui nous donne le parcours initiatique d’un saumon sauvage anthropomorphe dans les eaux Islandaises. De sa naissance à la volonté de connaître le monde, nous suivons les péripéties du saumon face à la nature, les animaux et la chasse maritime. Les différentes étapes font grandir le saumon et lui font réaliser à quel point le danger rôde autour de lui.

Avec en fond la voix de Marianne Faithfull, la narration cherche à nous sensibiliser sur ce que subit le saumon. Une radicalité en matière d’image qui nous pousse à reconnaître les dégâts que peuvent subir les animaux marins. Tout son propos amène à évaluer directement le discours écologique du film. C’est en étant au plus près des étapes du saumon que notre regard sensible de spectateur accorde une grande peine sur ce qu’il voit. L’animation ultra-réaliste des fleuves islandais et de l’océan nous plonge littéralement dans la sombre détresse du saumon anthropomorphe voulant trouver une issue pour rentrer chez lui.

Wild Summon est une fable animée qui impressionne, d’une part via son travail exceptionnel sur son animation, et d’autre part, par son envie d’attacher le spectateur au voyage du saumon, passant de paysages montagneux islandais au large fond marin.

© Sulkybunny

4. Long Time no see (Lange Nicht Gesehen) de Kevin Biele

Après une longue période d’absence, Silvia, une employée de bureau d’une entreprise pharmaceutique, revient à son poste pour retrouver la plupart de ses collègues enjouées et de sa nouvelle manageuse. Silvia va alors constater les nouveaux changements au sein de son bureau, de l’entreprise et de ses collègues. Un renouveau dans la société qui va la laisser de marbre face à autant de chamboulement.

Long Time no see est une véritable contestation du mal-être au bureau et du dysfonctionnement hiérarchique. Tout en étant exaspéré par la gestion de cette entreprise, nous pouvons nous sentir mal à l’aise pour Silvia et les employés, surchargés par le mal-être.

3. Hito de Stephen Niels Lopez

Mention spéciale du jury étudiant Labo. Prix festival connexion Auvergne-Rhone-Alpes

Dans un monde dystopique englobé par la pollution, Jani, une ado de 14 ans, va tenter de lutter contre ce monde pour faire renaître la liberté. Elle va alors faire la connaissance d’un poisson-chat nommée Kiefer qui va l’aider dans sa lutte.

Hito est ce genre de découverte inattendue où nous sommes pris par le montage survolté et l’humour absurde. La mise en scène nous convainc de l’univers bien travaillé du réalisateur. Tout est disposé pour nous surprendre et nous laisser sans voix face au non-sens des séquences d’action. Outre le côté surréel, l’œuvre cherche avant tout à mettre en évidence les dérives de la pollution. En passant par des gigantesques centrales nucléaires en décor jusqu’à découvrir des terres irradiées. Tout se compose pour contenir une belle histoire d’amitié sous couvert de dénonciation politique et de poissons géants.

Parmi les coups de cœur Labo de ce festival, Hito reste une des œuvres les plus déjantées qu’on ait pu voir cette année.

© ANIMA

2. Saïgon kiss de Hồng Anh Nguyễn

Mention spéciale du jury Queer Métrage

Roulant sans but précis dans les rues de Saïgon, Mơ, une professeure d’art, va faire connaissance en chemin de Vicky, une danseuse d’art contemporain. Après l’avoir aidée suite à un problème technique de son scooter, Mơ va continuer de traîner dans la ville au côté de Vicky. Une occasion pour elle pour mettre de côté les appels insistants de sa copine abusive.

L’émancipation de Mơ l’amène à errer seule, dans les rues de Saïgon. Le court-métrage accorde une certaine importance à ses réflexions et ses choix, qu’elle seule peut vraiment comprendre. Ce début de relation entre Vicky et Mơ est certainement une des plus touchantes parmi les court-métrages en compétition cette année. On y sent la joyeuseté de leurs échanges et de l’attraction entre elles, le long de ce road movie.

© Turnabout Entertainment

1. Petit spartacus de Sara Ganem

Sur un coup de tête, une jeune femme s’en va faire un voyage inattendu : aller de la Bretagne jusqu’au bloc de l’Est. Sur son chemin, elle va faire la connaissance de Spartacus, un vélo qui parle uniquement en grec. À peine élancée, elle va découvrir les plaisirs du dépaysement en solitaire tout en étant confronté à la météo et les dangers de la route.

Sara Ganem, actrice et réalisatrice de ce court-métrage, nous guide dans ce long voyage spirituel empli de rencontres surprenantes, de situations alambiquées et de dépassement de soi. L’originalité est sans nul doute son rapport avec son vélo atypique, Spartacus, avec qui elle va se lier d’amitié. Un rapport matérialisé à l’écran grâce à l’importance de la voix-off. La réalisatrice nous apporte tout son vécu et ses sensations à travers les belles images qu’elle partage.

© G.R.E.C

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