Une première fois, comme on ne l’oublie pas. Le Festival Chéries-Chéris 2024 a fait exploser mille couleurs dans nos cœurs, pour son 30e anniversaire.
Paris était placé sous les rayons de l’amour, du 15 au 26 novembre pour une nouvelle édition du Festival Chéries-Chéris. Gregory Tilhac a concocté cette année encore un programme toujours +++ ouvert et curieux. Alors, pour compléter votre watchlist 2025, voici quelques titres qu’il ne faudra pas rater lors de leur sortie en salles.
1 – Habibi, Chanson pour mes ami.e.s de Florent Gouëlou
Synopsis : « Depuis 3 ans, La Flèche d’Or, un lieu associatif et culturel du 20e à Paris, propose des spectacles et des activités solidaires. Chaque mois, les artistes des Soirées Habibi y performent pour des soirées drag sur le thème du cinéma. Habibi, Chanson pour mes ami·e·s suit la préparation du dernier cabaret de la saison. »
Un documentaire d’une humanité débordante, à en faire monter nos larmes. Placé au cœur de La Flèche d’or à Paris, le film se dresse comme un portrait réaliste de son temps. Un refuge d’amour avant tout, où les paillettes des drag queens cohabitent avec le soutien aux personnes en difficultés financières.
La bienveillance du réalisateur et acteur se traduit à travers un regard délicat, se penchant sur l’envers du décor. Derrière le rideau, les corsets se desserrent pour laisser place à des discussions à fleur de peau.
2 – L’âge imminent de Clara Serrano Llorens et Gerard Simo Gimeno
Synopsis : « Bruno vit avec sa grand-mère Natividad à Barcelone. Cette femme de 86 ans est la seule famille qu’il ait jamais connu, mais sa dépendance croissante envers son petit-fils entre de plus en plus en conflit avec son besoin de liberté et de découverte de soi. Lorsque l’occasion se présente de placer Natividad dans une maison de retraite, Bruno est contraint de faire face à une décision à laquelle il n’avait jamais pensé auparavant. »
S’éloignant des esthétiques sensuelles de la sélection du Festival Chéries-Chéris, L’âge imminent questionne la valeur du temps. Ici, le regard d’un petit fils remet en doute l’avenir réservé à sa grand mère dont le corps se désagrège.
Tout comme le délicat Mémoires d’un corps brûlant, le film ouvre la parole à une grand-mère au caractère bien trempé. Le jeu de Antonia Fernandez Mir en devient troublant tant le portrait est réaliste. Nous tombons alors éperdument sous le charme de sa sincérité et sa désinvolture.
3 – Les amants astronautes de Marco Berg
Synopsis : « Pedro arrive sur la côte pour passer ses vacances dans la maison familiale. Il y rencontre Maxi, qu’il n’a pas vu depuis qu’il est enfant. Pedro est ouvertement gay et cela attire l’attention de Maxi qui, au même moment, découvre que son ex-petite amie, pour laquelle il a toujours des sentiments, est en vacances dans la même ville. Dans l’intention de la rendre jalouse, Maxi demande à Pedro de se faire passer pour son petit-ami. Pedro accepte, amusé, mais ne réalise pas que ce jeu peut devenir réel. »
Chéries chéris… Chéries chéris… Le générique du festival, accompagné de ses images ardentes trotte encore dans nos têtes. L’une d’entre elles nous a particulièrement marqués, celle des Amants astronautes, où se dessinent des sourires malicieux.
La malice, c’est ce qui résumera certainement au mieux ce film. Au cœur d’un Paris glaçant, nous nous laissons alors tendrement attraper par cette chronique romantique à la plage. Et si c’était nous finalement, qui tombions amoureux en premier ?
4 – My sunshine de Hiroshi Okuyama
Synopsis : « Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable. »
C’était l’un de nos regrettables « manqués » du dernier Festival de Cannes, My Sunshine. Une douceur japonaise qui s’offre comme un réel bonbon et nous décroche un sourire inaltérable.
Avant que la neige ne fonde, les solitudes se rejoignent pour former une union réconfortante. Les lumières, accompagnant à merveille l’aspect cotonneux et blanchâtre des décors enneigés, offrent un esthétisme divin au film.
5 – Les Reines du drame de Alexis Langlois
Synopsis : « 2055. Steevyshady, youtubeur hyper botoxé raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l’icône punk Billie Kohler. Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs. »
Les Reines du drame est la comédie musicale queer que nous attendions ! Le film, qui n’a jamais peur d’en faire trop, se réapproprie divers codes et références, qu’elles soient cinématographiques ou issues de la pop culture.
Aussi camp qu’ambitieux, le film séduit par sa bande originale et son côté réconfortant. D’autant plus que sa célébration des identités queer est aussi politique : quel bonheur de voir le cinéma français enfin accueillir ce genre de récits.
— Écrit en collaboration avec Lou Le Bail
Suite à un incident survenu lors de la cérémonie de clôture du Festival Chéries-Chéris, la région Ile de France a décidé de suspendre les subventions apportées à l’événement. Nous apportons tout notre soutien à l’organisation du festival, qui a mené avec amour une programmation inclusive dont la tolérance est le maitre mot.