Nomadland : Amérique oubliée

Après avoir brillé avec The Rider, Chloé Zhao revient avec Nomadland et n’en finit pas de regarder la mythologie américaine dans les yeux pour mieux la déconstruire. Elle nous dépeint ici le chemin sinueux d’une sexagénaire qui se lance dans un voyage à travers l’Ouest américain.

A fleur de peau, Nomadland est ici un magnifique portrait de femme. Le reste se veut parfois trop mielleux. Chloé Zhao créé une sorte de magie avec Frances McDormand et se veut toujours jongler entre empathie, douceur et rudesse. La réalisatrice filme les rêves américains qui se brisent contre la réalité avec une magnifique envie de réalisme. Le personnage incarné par Frances McDormand saisie la dimension littéraire de son voyage et de son combat et embrasse un certain romantisme durant tout le film, oscillant entre frustrations et éclats de vie en permanence.

Frances McDormand dans Nomadland

Chloé Zhao vient célébrer l’Amérique oubliée, filmant le désert qui se courbe à l’infini sous le poids de son personnage principal, laissant parler le vide plaintif qui entoure les rêves des personnes qui viennent fouler ses terres. Entre volonté de se libérer de la société actuelle et sentiment permanent d’en être écartée contre son gré, le film sublime sans idéaliser une solitude inhérente du voyage intérieur.

La réalisatrice s’amuse à déconstruire ce que le cinéma américain nous a vendu durant des années avec des films comme Into The Wild, pour ne citer que lui. Une volonté puissante de dresser un portrait intimiste de femme mais aussi un portrait d’une Amérique fantasmée à l’extrême qui finit par n’être qu’un reflet nostalgique dans le rétroviseur d’une vie.

Frances McDormand dans Nomadland

Plus sirupeux et moins intense que The Rider dans le traitement de ses émotions, Nomadland dégouline de bons sentiments, finissant par être trop sucrés dans la gorge du spectateur. Cependant Chloé Zhao dépeint avec une justesse captivante une Amérique poussiéreuse, vaste et vidée, résonnant dans le personnage de Frances McDormand, livrant une prestation impériale et d’une sensibilité aussi sèche que maitrisée, comme toujours.

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