Nobody 2 de Timo Tjahjanto : Better Call Soleil

Avec Nobody 2, Timo Tjahjanto reste dans la lignée du premier. C’est simple, efficace et bourrin. Porté par Bob Odenkirk, ce John Wick familial devrait une nouvelle fois faire mouche chez les amateurs de castagne.

Quatre ans après un premier volet qui avait cartonné au box-office (plus de 56 millions de dollars de recette pour un budget de 16 millions), Bob Odenkirk rempile en « monsieur personne » avec Nobody 2. Cette fois-ci dirigé par le réalisateur indonésien, Timo Tjahjanto qui s’est révélé sur la plateforme Netflix avec son film d’action ultra gore, The night come for us (2018).

« Quatre ans après sa malencontreuse altercation avec la mafia russe, Hutch (Bob Odenkirk) doit toujours 30 millions de dollars à la redoutable organisation. Il s’efforce de rembourser en enchaînant sans répits les contrats d’une liste de criminels à abattre. Hutch se retrouve vite surmené, il décide donc de partir en vacances avec femme et enfants. »

Hutch (Bob Odenkirk) exécute contrat sur contrat dans Nobody 2
© Universal Studio

Est-ce que tu viens pour les vacances ?

Quand en 2021, Bob Odenkirk, révélé au grand public avec son rôle d’avocat gauche mais pourtant redoutable dans la série Breaking Bad, puis Better Call Saul, montrait sa gueule cassée sur l’affiche de Nobody, on peinait à trouver cela crédible. Pourtant, lui, y a cru dur comme fer, s’entraînant 2 ans en amont du tournage afin de faire ses cascades lui-même, comme Jackie Chan qu’il aime tant. Et le résultat fut au rendez-vous. Un film d’action efficace sans être original, qui forcément dans le monde merveilleux d’Hollywood… Appelle une suite.

On y retrouve quasiment la même équipe, rodée à l’exercice. Tout d’abord Derek Kolstad, au scénario des trois premiers John Wick. Mais aussi David Leitch (Atomic Blonde, Deadpool 2, Bullet Train) au poste de producteur. Et un casting reconduit, avec Bob Odenkirk donc, Connie Nielsen (Gladiator) dans le rôle de sa femme, le rappeur RZA dans le rôle de son frère et Christopher Lloyd dans le rôle de son père.

Rajoutez-y John Ortiz (American Fiction) en cow-boy corrompu. Exit Alexeï Serebriakov et ses airs de Sylvain Tesson, place à Sharon Stone en grande méchante psychopathe, cheveux gominés en arrière, lunettes aux verres colorés et bonne dose de second degré. Et vous obtenez une équipe qui ne se prend pas au sérieux (dans le bon sens du terme).

Hutch (Bob Odenkirk) tire à tout va dans Nobody 2
© Universal Studio

L’été meurtrier

Le scénario tient sur un post-it et la construction narrative est similaire au premier épisode : routine, élément perturbateur, bastons à gogo, boss de fin affronté en famille. Mais vient-on vraiment voir ce genre de film pour une histoire complexe et travaillée ? Non. Que reste-il alors du but premier : voir du sang, des balles qui fusent et des corps matraqués de coups ? Et bien en allant chercher le réalisateur Timo Tjahjanto, qui reprend le flambeau de Ilia Naïchouller (Hardcore Henry), Nobody 2 s’attache les services d’un expert en la matière. Il n’y a qu’à voir son The Night come for us pour savoir que si vous voulez un shot d’hémoglobine, vous pouvez lui faire confiance.

Dans Nobody 2, il reprend ses mouvements de caméra nerveux qui suivent les os qui se brisent et les corps qui se défont pour nous faire vivre l’action au plus proche. Si dans le premier volet, on retenait surtout la scène du bus comme l’apothéose de cette violence élevée presque au rang jubilatoire, dans ce second opus, le niveau est un cran au dessus. Avec des scènes comme celle de l’ascenseur, de la salle d’arcade, du bateau… mais aussi et peut être surtout celle où on en voit le moins.

Caméra fixe à l’extérieur d’une usine, on voit Hutch y rentrer furieusement. Dans un pur style « hear but don’t see », on entend alors le massacre sans presque rien n’en voir. Ce hors-champ, excitant naturel de l’imaginaire, ne dure malheureusement pas jusqu’au bout. Là où un Tarantino élevait la caméra par un mouvement de grue dans Kill Bill vol. 2, Tjahjanto cède finalement aux sirènes du sang qui tache.

Sans renier ses inspirations, John Wick, The EqualizerNobody 2 n’apporte rien de nouveau au schmilblick. Pourtant, il reste un film d’action efficace et jubilatoire sur certains aspects. Dont le premier est de voir Bob Odenkirk dans un tel rôle. Idem pour Sharon Stone. On se demande maintenant si comme pour John Wick, la franchise n’arrivera pas à s’arrêter, gavant le spectateur de la même recette, encore et encore. 

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