Avec My First Film, essai semi-autobiographique, la réalisatrice américaine Zia Anger porte une vision chaotique du processus artistique.
À tous ceux qui ont – un jour – produit, financé, réalisé ou participé à un tournage de cinéma étudiant et/ou amateur, My First Film vous y replongera. Au cours de 100 minutes, Zia Anger illustre et décortique de façon méthodique les bonnes intentions comme les erreurs importantes de son expérience. Un guide de survie en somme.
“Près de 15 ans après ses premiers efforts, Vita raconte le processus tumultueux de la réalisation de son premier long métrage semi-autobiographique sur une jeune femme qui tombe enceinte et décide de quitter la maison.”
Une artiste novatrice ?
Au cours de l’année 2018, la cinéaste Zia Anger se lance dans un projet semi-autobiographique retraçant les dix dernières années de l’un de ses projets perdus et abandonnés. Sobrement nommé My First Film, cette fiction documentaire touche par une belle honnêteté. Assez unique dans son genre, le film a une première vie… comme performance artistique live en 2019. En effet, la réalisatrice – comme chef d’orchestre – projetait son écran d’ordinateur sur l’écran géant de la salle de cinéma afin de manipuler les images en temps réel et y ajouter son petit commentaire. Les années ont passé depuis, et le travail de postproduction s’achève. Le 6 septembre 2024, le produit sort d’usine et termine sur la plateforme Mubi.
Sachant cela, que va pouvoir nous raconter une œuvre qui a vécu et qui s’est pensée pour la spontanéité du commentaire ? Raconter un échec – car c’est tout son cœur – peut-il devenir une constante linéaire qui se retrouve figée par le montage du film ? Et puis surtout, est-ce un film qui peut se revoir comme le pouvait une prestation live, par essence différente à chaque fois ? Si ces questions ne mènent que dans une direction, c’est bien la première chose que l’histoire de ce film exprime : qu’est-ce que la narration au cinéma et dans le documentaire ? Si Zia Anger est encore inconnu pour beaucoup de cinéphiles, elle aura réussi à inscrire son nom au panthéon des grands documentaristes. (cf. The New-Yorker).
Le produit fini
Exit l’historique, exit la performance sur scène. My First Film porte aujourd’hui correctement son nom et qu’en est-il s’il doit être jugé ainsi ? Comme un classeur parfaitement rangé, la cinéaste prend une certaine rigueur pour créer de la rupture dans ses séquences et venir systématiquement casser le rythme de sa narration. Ces moments sont une richesse pour la progression des enjeux et s’insèrent parfaitement dans le crescendo du chaos qu’elle tente de nous faire passer par nos sens. Le chaos par la charge mentale que vit notre protagoniste. Le chaos par la souffrance physique qu’elle expérimente. Le chaos quand son corps et son âme se déchirent en morceau alors qu’elle tombe enceinte…
Toutefois, dire que le film passionne serait une exagération. Si la petite troupe de comédiens est sympathique, leur palette de jeu se répète trop longuement pour réussir à sortir un moment mémorable. Loin d’être de leur seul fait, les enjeux suivent ce même schéma et se retrouvent en boucle sous le nez du spectateur.