Music of my life est le feel-good movie de l’année. Tout en traitant des thèmes aussi importants que la montée du racisme et les différences culturelles, il parvient à dresser une lettre d’amour à la musique et à Bruce Springsteen.
C’est avec joie que Gurinder Chadha est venu présenter Music of my life à la 45e édition du Festival de Deauville en compagnie de son acteur principal (pour qui c’est le premier rôle).
Un adolescent d’origine pakistanaise vivant en Angleterre dans les années 80 veut devenir écrivain.
La personne qu’il faut remercier pour ce film est bien évidemment la réalisatrice Gurinder Chadha. Une grande partie des films mettant en avant une communauté asiatique (indienne/pakistanaise) ne savent pas réellement de quoi ils parlent, et le fait d’avoir une réalisatrice indienne habitant en Angleterre est un avantage considérable vers l’authenticité. Et apparemment, c’est également la clé pour faire un bon film… La musique est au coeur du cinéma actuel et les biopics comme Bohemian Rhapsody et Rocketman démystifient Freddie Mercury et Elton John. Mais Music of my life accroit cette notion d’idole intouchable et rend l’âme, qui semblait perdue, de Bruce Springsteen. Comme lors des scènes où il prend conscience de la force de ses chansons, de la cohérence des paroles par rapport à sa propre vie et l’universalité du chanteur blanc américain… Même à Luton en Angleterre, au sein d’un jeune pakistanais.
Sa force réside en grande partie dans son bon équilibre des thématiques. Nous sommes loin du feel-good movie linéaire où nous pouvons deviner tout ce qu’il va se passer, comme un film demandé par un studio. Les thématiques sont très nombreuses et centrées autour de la culture pakistanaises, Javed est tiraillé avant tout par les contradictions familiales et c’est cet élément qui influence son manque de confiance. On peut donc y trouver des sujets qui peuvent paraître totalement incompréhensibles d’un point de vue européen mais qui bénéficie d’une extrême authenticité d’un point de vue asiatique.
L’aspect le plus représentatif est cette volonté du père de ne jamais donner raison à son fils, même lorsqu’il accomplit des choses dont il est fier. Gurinder Chadha réalise le film après le Brexit et après la montée du parti conservateur dans un coin de sa rue. Elle transpose l’actualité dans le passé pour montrer que le temps change, les styles vestimentaires sont particuliers à cette époque tout comme la musique, mais les mentalités sont plus rigides.
Le film s’intéresse également au racisme : comment se sortir des clichés prononcés par les autres ? Comment réussir sa vie dans un monde où personne ne voit un jeune pakistanais faire autre chose que chauffeur de taxi ? Comment vivre dans un quartier où la majorité de la population est blanche et où le racisme anti-pakistanais est présent ? Toute la négativité est effacée par les scènes qui agissent comme une comédie musicale : la musique peut prendre place sous différentes formes et c’est elle qui aide Javed à exprimer sa « voix invisible ». Il y a une certaine magie derrière la musique.
Music of my life est un film à voir pour sa qualité de représentation culturelle, sa mise en scène qui tente des choses et son acteur principal qui est bien plus que convaincant. « Talk about a dream, try to make it real. »