Avec Mon Frère, son troisième film, Julien Abraham s’intéresse à nouveau à la violence chez les jeunes. Après les quartiers, il se penche cette fois-ci sur les centres de rééducation… en bâclant malheureusement un récit qui tenait la route.
Pour son retour à la réalisation six ans après La Cité Rose, Julien Abraham ne fait pas les choses à moitié : deux films en l’espace de quasiment un mois (Made In China sorti en juin dernier et Mon frère en salles ce mercredi). Féru des classes sociales stigmatisées, il retourne sur un terrain qu’il connaît bien : la violence juvénile.
Zonzon
Dans Mon frère, Teddy se retrouve dans un Centre Educatif Fermé (CEF) après avoir tué son père trop violent. Dans l’attente de son procès, il rejoint un groupe d’une douzaine d’autres jeunes dont le comportement est bien différent du sien. Entre crasses et intimidations, il fait la connaissance d’Enzo, un chef de bande aux apparences trompeuses avec qui il va finalement se lier d’amitié afin de retrouver sa mère à Amsterdam.
Le rappeur MHD, toujours en détention pour homicide volontaire et incarcéré quelques semaines après le tournage, campe le premier rôle en tenant à bout de bras un film qui ne soigne pas son épilogue.
Prisonnier de son écriture
Durant les deux premiers actes, le spectateur arrive à s’attacher au personnage principal grâce notamment à une bande originale et une réalisation efficace qui mettent en scène des séquences violentes et crues donnant un rythme plaisant au récit. Des flash-back viennent également engrainer l’histoire de manière intelligente. MHD est plus que crédible pour sa première expérience au cinéma et livre même une performance remarquable qui peut lui valoir une place aux Révélations des César 2020.
Mais le troisième acte vient souffler sur ce beau château de cartes. Dès lors que Teddy quitte le centre, l’histoire a comme un goût de déjà vu et l’intérêt du spectateur n’est plus. Julien Abraham multiplie les facilités scénaristiques déjà réalisées auparavant en menant ses personnages à leur but final avec une aisance inadaptée à la situation. Le scénario perd en qualité au fur et à mesure que le générique approche. Le twist final rattrape quelque peu ce dénouement en apportant un message fort sur la fraternité et la maltraitance faite aux enfants.
Mon frère reste donc un drame au récit familier qui manque d’obstacles pour faire de lui un très bon film. La prestation de MHD reste le plus gros point positif du long-métrage. Avec la sortie de Les Misérables (Ladj Ly) en novembre prochain, la violence chez les jeunes est bien représentée dans le cinéma français cette année…
Tout à fait d’accord, la fin n’est pas à la hauteur du reste du film. Mais ça reste un « bon film ». Bcp de violence , voir trop, pour un adolescent. MHD mérite effectivement une récompense pour une telle qualité d’interprétation de ce rôle.