Dans la lignée d’une série de court métrages, Dean Fleischer Camp, sort en 2022 un long métrage sur son personnage phare : Marcel le coquillage (avec ses chaussures).
Qu’est ce que ce documentaire animé apporte de plus, à une histoire qui semble à première vue, peu importante ? Dean Fleischer Camp nous introduit et nous émerveille subtilement par son protagoniste taquin. Marcel le coquillage (avec ses chaussures) rentre directement dans la catégorie des films difficilement prévisibles.
« Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille. »
Taille XS
Rien que par son titre, ce film nous indique finement la direction artistique et émotionnelle qu’il souhaite prendre. Effectivement, il réduit de prime abord, Marcel à son état de coquillage de toute petite taille. Celui ci vit donc aux dépens des différents locataires du AirBNB. Ainsi, cette courte hauteur le rend dispensable voire négligeable. La caméra placé à échelle d’Homme amplifie correctement ce point de vue. Il occupe le rôle de colocataire voire de symbiote par le détournement qu’il présente des objets à qui il confère d’autres utilisations que celles pour lesquelles ils sont empiriquement réputé.
Le réalisme de l’animation est impressionnant car il s’intègre entièrement dans des décors authentiques et grandeurs natures. Le personnage principal est armé d’expressions faciales surprenantes et assimilables (une forte amélioration vis-à-vis des courts métrages déjà réalisés). Tout ceci implique significativement que ce coquillage est à la fois une entité à part entière mais aussi un être dont l’origine même de son existence véritable n’est plus à nier. Sans cesse le réalisateur renvoie la présence de cette « créature » à l’importance des choses qui l’entourent, aussi matérielles et immatérielles qu’elles peuvent être, par les différentes péripéties qu’elle rencontre. Tandis que les êtres humains sont bien souvent flous et aperçus partiellement, les reléguant au second plan le plus total.
De nature anthropomorphe
Pourquoi avoir attribué des chaussures à un coquillage, si ce n’est pour l’humaniser ?
Dean Fleischer Camp place au centre de son intrigue la quête d’appartenance et d’identification. Des caractéristiques auxquels les êtres humains sont naturellement particulièrement sensibles. De même, Marcel présente des traits de personnalité plaisants : il est drôle, perspicace, généreux et bienveillant. Il se fait rapidement apprécier de toutes ses interactions humaines. Et par ce processus, on s’implique et se reconnait en lui irrémédiablement.
Marcel, dont l’âge réel n’est pas connu, est responsabilisé très jeune. Il se confronte à la solitude, à la perte d’un proche, tout en se lançant dans une recherche de sa famille disparue. La caméra, qui ne le quittera pratiquement jamais du regard, nous convie à suivre ses aventures et à partager ses peines. Tout ceci peut, cependant, manquer très légèrement d’envergure. Par la même occasion, certaines scènes sont superflues et nous éloigne du message principal.
Un partage de soi
Malgré l’aspect de reportage qu’occupe ce film, un lien indéfectible se crée entre celui qui est face à la caméra (Marcel) et celui qui est derrière cette caméra. Ce dernier n’est nul autre que l’artisan de cette attache que l’on peut avoir face à ce protagoniste. Contrairement aux précédents courts métrage, où une distance existait toujours entre les deux.
Pour autant, ce coquillage est bien plus qu’un cocon. Il abrite d’avantages de merveilles que celles fabulées. Il prend, à la fois, la valeur d’une grotte au sein de laquelle on pourrait se réfugier par peur d’oser être. Mais implique aussi d’apprendre à examiner au-delà des apparences, pour comprendre et découvrir l’âme de tout un chacun.
Nommé à l’Oscar 2023 du meilleur film d’animation, Dean Fleischer Camp livre avec Marcel le coquillage (avec ses chaussures), une nouvelle façon de voir et vivre la vie. Ceci, au travers d’un regard doux, tendre, candide et vaguement inexpérimenté. Pareillement, il suggère une ré-édition de ce que signifie « apprécier chaque moment simple ». Enfin, il nous interroge sur les conséquences de traiter les choses peu visibles avec insignifiance.