Retour sur le chef d’œuvre qu’est Man on the Moon, assurément le film le plus en phase avec Jim Carrey, son acteur principal. Si la vie est une illusion, il a décidé de nous en acquitter le temps d’un instant.
Selon Pascal, chaque être humain cherche à se divertir pour échapper à sa condition. Si l’on essaie tant de se projeter dans l’impossible, c’est pour éviter de penser aux malheurs qui nous entourent, et à terme, à notre mort. La vie serait pour tous, une illusion qui nous embrasse le temps de notre vécu. Alors, la solution à toute ces angoisses ? Du pain et des jeux. Si à première vue, dans Man on the Moon on s’attend à une prestation classique de Jim Carrey – un peu foufou et grand sourire -, cette fois-ci, nous sommes confrontés à Andy Kaufman : un artiste qui ne se prétend ni comique ni comédien. Kaufman, c’est une superstar américaine qui a cartonné et fait débat dans les années 70 aux Etats-Unis. Le film s’apparente alors à la biographie d’Andy Kaufman sous toute sa philosophie.
Le spectacle dans sa forme bestiale
Man on the Moon, c’est cette œuvre qui nous rappelle ce qu’est le spectacle : une ode à la vie dans toutes ses bizarreries, un brassage culturel et d’émotions où le grand public est saisi par ses sentiments. Oui, il existe la comédie mais le champ des possibles est ici bien plus large. Le vrai spectacle, c’est celui qu’Andy épouse, celui qui dérange, qui provoque la peur, la passion et le rire. Nous suivons alors la vraie aventure de Kaufman, reproduisant avec fierté des images d’archives toujours aussi cultes.
Bouleversant et tonique, le film nous plonge dans une Amérique prude et complexée qui s’embourbe dans des codes. Andy, quant à lui, décide de renverser les attentes, de faire de la réalité son propre terrain de jeu. Que ce soit sur un ring de catch, à Hollywood ou sur un plateau télévisé : tant qu’il y a un public, il y a une raison de faire spectacle.
On veut du spectacle !
Dans ce chef d’œuvre signé Miloš Forman, la caméra est subtile : tout est fait pour être dans la peau d’Andy. Il se joue de nous, de son public et de ses spectateurs car oui, la caméra est témoin mais pas complice. Nous, les spectateurs, sommes sans cesse en plein doute. Andy nous préoccupe. Son génie est nerveux, il réveille en nous un rire qui vient de l’estomac, qui ne peut pas se contrôler. Dans ce grand spectacle, il y a de tout : de la satire, du grotesque, de la chanson, la vie et la mort, mais aussi la résurrection.
Et s’il y a bien une chose qu’on doit retenir de ce film, ce n’est pas la brillante présence de Danny DeVito, ni le monde d’Hollywood ou du catch délicieusement bernés par le génie d’Andy Kaufman. Ce n’est pas non plus la merveilleuse histoire d’amour qui nous est présentée et encore moins le jeu d’acteur de Jim Carrey devenu littéralement Andy Kaufman.
Une philosophie de vie
En effet, s’il n’y a qu’une seule chose à retenir de cette aventure, c’est que la vie est trop courte. Que la vie ne mérite pas d’être vécue si l’on se plonge dans des règles, des manières de concevoir le monde comme un ensemble cohérent, car ce n’est pas le cas. La vie, la mort, le temps, l’espace, toutes ces notions qui nous dépassent n’ont pas de sens.
Ce qui fait sens en revanche, c’est de se tenir la main, de rire, s’aimer, foutre un peu le boxon, pleurer et se câliner, profiter et vivre l’instant présent. Toutes nos interactions font de nous des êtres humains, des être mortels certes, mais mortellement passionnés.
Man on the Moon fait partie de ces films parfaits qui ne se plient pas à l’image. C’est un de ces chefs d’œuvres que ne se préoccupe plus du langage cinématographique, car il le maîtrise et se permet de raconter sa propre histoire. Pas une seule fois nous ne voyons Jim Carrey rire dans ce film, jusqu’au grand final, et pourtant il sait ô combien nous donner de sa fougue, de son envie d’être présent parmi nous spectateurs. On le remercie grandement pour ce film paradoxalement si nihiliste et philanthrope.
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