Pour son premier film L’Esprit Coubertin, Jérémie Sein choisit les Jeux Olympiques de Paris pour sujet.
Aux commandes de l’écriture et de la réalisation, Jérémie Sein livre une comédie quelque peu moqueuse sur les JO. L’Esprit Coubertin est un petit pique envoyée à nos politiciens français et à leur gestion catastrophique de l’évènement. En sortant près de deux mois avant les (vrais) JO de Paris, le film appuie où ça fait mal.
« Après dix jours de compétition, les Jeux sont un fiasco pour la délégation française qui ne parvient pas à gagner de médaille d’or. Tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul (Benjamin Voisin), champion du monde de tir mais athlète immature et pas très malin. Alors que la compétition approche, il est contraint de partager sa chambre avec un nageur (Rivaldo Pawawi) qui semble plus préoccupé par les tentations extra-sportives du village que par sa course. »
Un travail mâché
Jérémie Sein se moque ouvertement, avec dérision et sarcasme de la situation qui se passe actuellement en France avant l’accueil des Jeux Olympiques. Prendre cet évènement pour en rire est une excellente idée. Depuis plus d’un an, la France et les parisiens n’en peuvent plus de l’arrivée des jeux dans des conditions plus que douteuses et honteuses. Dans L’Esprit Coubertin, le réalisateur n’hésite pas à appuyer où ça fait mal – les politiques, l’économie, la mauvaise organisation. Il s’amuse même en tournant au ridicule les athlètes français.
On soulignera ainsi de belles références à l’actualité récente des Jeux et de certains scandales. Le retour de nos très chères et tendres punaises de lit dans le village olympique est bien trouvé. En fait tout, dans L’Esprit Coubertin, a du potentiel. Alors, médaille d’or de l’humour ? Malheureusement pas. La dérision et le sarcasme aurait pu l’emporter… si les blagues n’avaient pas 30 ans de retard.
Tu tires ou tu pointes ?
C’est un sentiment de malaise. Le scénario de L’Esprit Coubertin est non seulement brouillon, mais l’écriture des personnages – qui se veut drôle – est archétypale comme chez une sitcom familiale de milieu d’après-midi sur M6. Le film sent rapidement le déjà-vu et crée plus de gêne que de rire. Mention spéciale à l’incessant et l’horrible bruit mâchouillé du chewing-gum d’Emmanuelle Bercot, sur le podium des running-gag agaçants plutôt que drôles.
Le casting est pourtant à l’honneur : Emmanuelle Bercot donc, mais aussi Grégoire Ludig, Laura Felpin… Benjamin Voisin surnage, avec une interprétation savoureuse dans la peau d’un jeune paumé, pleins de tocs et gentiment demeuré. Il est ici, en fait, le seul capable de vous décrocher un rire.
Reste cette idée de montrer que ces Jeux Olympiques sont surtout d’ordre politique plutôt que sportif. C’est l’une des choses réussie que L’Esprit Coubertin transmet, et ce message ne sera peut-être pas si loin de la vérité (le futur nous le dira). Mais dans une comédie, l’important n’est-il pas de rigoler ?
Sur le papier, L’Esprit Coubertin aurait pu être une excellente comédie satirique. Malheureusement, malgré un casting qui fait saliver et une idée originale, le film s’avère plat et d’un humour aussi gênant qu’embarrassant, qui n’existe encore que dans les vieilles comédies françaises des années 50. Aussi vite vu, aussi vite oublié…