Martin Bourboulon avait déjà prouvé qu’il maîtrisait le film d’époque avec Eiffel en 2021. Aujourd’hui, avec le premier volet Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, le réalisateur récidive dans le film en costumes et surtout, dans un autre genre qui a marqué l’histoire du cinéma : le film de cape et d’épée.
Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… Dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Immersion totale
Difficile de se rendre compte des deux heures qui s’écoulent lorsque tous les éléments nécessaires pour être transporté vers une autre époque sont réunis. Le travail d’immersion réalisé par Martin Bourboulon et son équipe domine sur tout autre aspect du film, rendant le moindre défaut difficilement perceptible. Avec les visages familiers de François Civil, Romain Duris, Pio Marmaï et Vincent Cassel et du reste des acteurs (tous relativement connus) Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan pourrait passer pour un simple film d’aventures réalisé pour le seul divertissement du public.
Cependant, le charisme naturel des comédiens, donne à leurs personnages une prestance et une authentique profondeur. La qualité de leur jeu nous plonge ainsi dans une série envoûtante de péripéties, de rebondissements, de rencontres et d’affrontements qui rythment le scénario. Ce récit si palpitant et vertigineux, qui pourrait nous perdre, a justement été rédigé intelligemment. Chaque personnage, dans son rôle, contribue à l’évolution de l’intrigue. Celle-ci aboutira à son dénouement dans le second volet, Les Trois Mousquetaires : Milady, déjà attendu impatiemment.
Costumes, décors, musique, couleurs, plans filmés… Chaque paramètre concourt admirablement à cette immersion totale dans l’univers du film, menant à l’émerveillement du spectateur. Effets spéciaux, bâtiments réels ou bien mélange réunissant les deux “techniques” ? La qualité et crédibilité des décors étant au rendez-vous, la question s’oublie vite. La musique, composée méticuleusement par Guillaume Roussel, nous emporte de manière virevoltante dans cette virée historique du XVIIe siècle. A la composition, s’ajoute chaque plan large qui précède le début des scènes et la couleur qui teinte l’ensemble des images du film. En effet, la photographie s’unit harmonieusement avec la musique et valorise somptueusement tous les éléments visuels de ce premier chapitre. L’immersion est totale et la réalité d’où vient le spectateur, oubliée.
Oser la modernité
Un anachronisme se définit comme une erreur de chronologie, qui peut donc nuire à la qualité d’un film. Malgré tout, Martin Bourboulon a osé jouer avec ces “erreurs”, un procédé qui s’avère étonnamment efficace. Le réalisateur a justement choisi des costumes anachroniques pour vêtir ses mousquetaires, qui semblent alors plus téméraires et plus virils dans leur allure. D’Artagnan, Aramis, Athos et Porthos apparaissent tels de vaillants héros à la bravoure indéniable, qui ne peut être qu’applaudie et célébrée.
Les répliques peuvent s’entendre au départ, comme des phrases inspirées du roman d’Alexandre Dumas et du langage de l’époque. Pourtant, à mesure que les péripéties s’enchaînent, le langage courant de notre époque rejoint les dialogues. Ce choix qui pourrait s’avérer maladroit et compromettant, crée, en réalité, une meilleure proximité entre les personnages et les spectateurs. De manière plutôt inattendue, l’humour trouve également sa place dans le scénario et s’y intègre avec fluidité, validé par les rires unanimes du public. Enthousiasmé par toute l’action qui dynamise furieusement l’intrigue, il assiste au rendu spectaculaire d’un film de cape et d’épée glorieusement modernisé.
Vivement la suite ?
Il est inutile de rappeler qu’il ne s’agit pas de la première adaptation des Trois Mousquetaires, et probablement pas de la dernière (la précédente, de Paul W. S. Anderson datant de 2011). S’emparer du roman d’Alexandre Dumas pour l’adapter à nouveau présentait donc un certain risque.
Mais le souffle authentique et audacieux insufflé par Martin Bourboulon dans son film vivifie brillamment ce classique littéraire. Sa version diverge de l’histoire proposée dans le roman sans lui faire défaut. Et sa volonté d’inclure autant d’action mais aussi de rebondissements et de surprises renouvelle l’idée des réalisations possibles dans le cinéma français, connu pour briller dans d’autres genres que celui du film d’aventures. Après Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, maîtriser sa patience pour découvrir le deuxième volet le 13 décembre sera le véritable défi à relever.
Magnifiquement écrit et décrit. On a en effet hâte d’être en décembre. Merci pour cet article aussi palpitant que le film.