Dans Les Olympiades, quartier situé dans le treizième arrondissement de Paris, trois filles et un garçon s’entrecroisent au cours de leur existence. Un signe du destin ou une coïncidence tragique ?
Chaque nouveau film de Jacques Audiard est un grand évènement qu’aucun amateur de cinéma ne raterait. Après son excursion dans le western américain où il dirigeait Joaquin Phoenix, Riz Ahmed et Jake Gyllenhaal, le patron du cinéma français se réinvente encore une fois avec Les Olympiades, une adaptation des trois nouvelles graphiques d’Adrian Tomine (Amber Sweet, Killing and dying & Hawaiian getaway). Présenté en compétition au Festival de Cannes puis au Festival francophone d’Angoulême, il sortira au cinéma le 3 novembre 2021.
J’ai perdu mon corps
Si Jacques Audiard n’avait pas son nom sur les crédites du film, personne n’aurait su qu’il en était le réalisateur. Les Olympiades n’a rien à voir avec aucun de ses films, et cette simple information pourrait en rebuter plus d’un. Mais si vous persistez, vous y trouverez peut-être votre compte. Premier film entièrement (ou presque) en noir et blanc du réalisateur, il marque aussi sa première collaboration avec le directeur de la photographie Paul Guilhaume. Ce dernier s’est notamment illustré sur Petite Fille & Adolescentes de Sébastien Lifshitz, et Ava de Léa Mysius.
Dès son introduction, posant le contexte géographique et l’ambiance, le film démontre que l’utilisation du noir et blanc n’a rien d’anecdotique. Souvent associé à la dureté des quartiers (on pense à La Haine de Matthieu Kassovitz, ou encore à 365 jours à Clichy Montfermeil de Ladj Ly), il donne ici une certaine élégance aux personnages, qui représentent le cœur du film. Camille est noir et les deux femmes qu’il rencontre sont blanches. Il y a un véritable travail sur le corps, la sexualité, et la meilleure façon d’utiliser le noir et blanc pour ne faire plus qu’une couleur des deux corps.
Humans
Les relations humaines sont au centre du film. Même si elles tournent pour la plupart à la relation amoureuse (et/ou sexuelle), on y retrouve également des parallèles familiaux entre les différents personnages; chacun faisant face à ses propres problématiques. Camille (Makita Samba) se remet du décès de sa mère, Emilie (Lucie Zhang) est face à la fin de vie de sa grand-mère. Nora (Noémie Merlant) se dispute avec Amber Sweet (Jehnny Beth)… Les Olympiades est un film bavard marqué par sa légèreté. Peu importe les situations, on y retrouve toujours une pointe d’humour. Les personnages féminins sont d’ailleurs bien écrits et caractérisés, sans doute grâce à la présence au scénario de Léa Mysius et Céline Sciamma.
Difficile de croire que cette comédie (oui, car c’est une comédie) de Jacques Audiard est presque un film feel-good. En effet, les personnages semblent être sur un fil susceptible de se rompre d’un moment à un autre, tous étant rongés par leurs propres démons. Les destins se croisent, se séparent, mais la finalité n’est régie que par le bonheur personnel que les protagonistes souhaitent adopter. Intelligemment construit en deux parties, l’arrivée du nouveau personnage (et les interventions musicales de Rone) apportent un brin de fraicheur aux deux personnages qui commençaient à tourner en rond.
Quand Jacques Audiard fait de la comédie, on s’étonne dans un premier temps avant de se mettre à rire à gorge déployée face aux situations cocasses qu’il nous présente. En sublimant les corps de ces jeunes acteurs et en étudiant avec légèreté et humour les complexités des relations, il prouve qu’il sait se réinventer et surprendre.