En 1996, un agent chargé de la sécurité des Jeux Olympiques d’Atlanta parvient à déjouer un attentat. Cet héros du nom de Richard Jewell est rapidement suspecté d’être le principal terroriste de l’attentat…
Les années passent, il vieillit, et pourtant, la magie opère toujours… Clint Eastwood, papy éternel et immortel continue sur sa lancée à l’âge de 89 ans pour livrer un nouveau film plus que convainquant. Tourné rapidement après The Mule, Le Cas Richard Jewell est le 41e film qu’il réalise.
The Ripe Stuff
La première question qu’on se pose, est : comment un homme aussi âgé trouve-t-il l’énergie pour réaliser un film d’une telle envergure ? Malgré son âge, Clint Eastwood continue à prouver au monde entier qu’il a toujours sa place au panthéon des grands réalisateurs toujours en activité, cherchant toujours à raconter de nouvelles histoires malgré les thèmes communs présents dans une grande partie des derniers films qu’il a réalisés lors de la dernière décennie. Loin de se parodier et de tomber dans un classicisme répétif, Clint Eastwood allie avec dextérité ses thèmes de prédilection tout en livrant de nouvelles idées. Si sa carrière récente en énerve certains par un patriotisme américain plus que récurrent (American Sniper, Sully, Le 15h17 pour Paris), chacun de ses films parvient à explorer les facettes d’un héros. Cette fois-ci, c’est l’idée et l’intimité d’un héros rapidement déchu qui est passée aux cribles.
Toujours doté d’une mise en scène simple, Le Cas Richard Jewell étonne par l’efficacité qu’il a sur le spectateur, où la masse graisseuse du corps de Richard Jewell combinée à la caméra épaule procure une sensation de mal-être profond, rendant la séquence de l’attentat insoutenable. Patriotique, oui, mais surtout critique d’une société qui était déjà meurtrie par l’influence des médias, causant des dégâts considérables sur des êtres humains. Sa grande force réside dans l’impact d’une histoire vraie appartenant au passé mais parlant avant tout d’injustice, comme celle qui régit toujours notre société aujourd’hui. A une ère où les médias s’emparent d’une information sans vérifier sa source, ou aux êtres humains crédules qui se laissent berner par les fake news, Clint Eastwood évoque avant tout un climat austère, laissant place à un pessimisme prononcé et compréhensible.
Maximum force
C’est à travers la famille que le réalisateur décide de poser son oeil, et plus spécifiquement autour de la relation entre une mère protectrice et son fils. Si certaines relations maternelles sont insupportables, celle-ci attise plutôt notre pitié, considérant Richard Jewell comme un raté incapable d’être autonome, mais faisant malgré tout de son mieux pour rendre le monde plus sûr. Kathy Bates est bouleversante dans son rôle de femme meurtrie par ce drame, elle qui n’avait que son fils se retrouve plongée dans une situation qui l’expose aux yeux de tous.
La révélation reste avant tout Paul Walter Hauser qui livre une performance étouffante par sa bienveillance attaquée par les médias, le public et la police. Sam Rockwell, Jon Hamm et Olivia Wilde sont également de la partie. Quand on voit que Leonardo DiCaprio et Jonah Hill sont impliqués dans la production du film, on se demande bien à quoi aurait ressemblé le film si Richard avait été joué par Jonah Hill, et l’avocat par Leonardo DiCaprio…
Clint Eastwood examine les pires recoins de l’humain en critiquant l’impact néfaste des médias, et en provoquant un questionnement terrible à la fin du film : quand l’homme (blanc) le plus gentil du monde se retrouve accusé de terrorisme, qu’est ce qui nous prouve que nous ne serons pas un jour à sa place ?